Gaia-X, un «Airbus de l’intelligence artificielle»

Nov 5, 2019 | Ai | 0 commentaires

Lancement, en Allemagne, de Gaia-X, un «Airbus de l’intelligence artificielle» impliquant SAP, Deutsche Telekom et Siemens. Les autres pays européens invités.

Derrière Gaia-X, un objectif clair : se libérer de l’emprise de Microsoft et d’Amazon. Et donc, pour prendre du poids, d’attirer les Français, mais aussi les autres pays européens intéressés par l’idée de créer un «Airbus de l’intelligence artificielle».

Le couple franco-allemand a déjà fait suivre de la feuille de route du projet. Et prévu plusieurs étapes. D’ici la fin novembre se tiendra un atelier de travail au cours duquel les entreprises françaises et allemandes intéressées seront consultées sur ce projet d’infrastructure de données. Des experts des deux gouvernements se réuniront ensuite avant la fin de l’année pour mettre sur pied la gouvernance du projet et déterminer, entre autres, les domaines sur lesquels cette infrastructure européenne pourra être utilisée. Toujours avant fin 2019, les experts constitueront ensuite une structure pour élaborer le framework technologique.

Une infrastructure de données européennes sûre et souveraine

La France et l’Allemagne se mettront ensuite en relation avec les autres membres de l’Union européenne souhaitant participer au projet et avec la Commission européenne pour envisager les conditions d’un déploiement à l’échelle européenne. L’objectif est de présenter au printemps 2020 aux autres Etats membres, à Bruxelles, le contexte technique et organisationnel dans lequel ce projet d’infrastructure de données fédérées pourrait se mettre en place.

«Je suis fermement convaincu qu’une coopération étroite entre la France, l’Allemagne et d’autres pays européens est nécessaire pour aborder la révolution technologique du 21ème siècle, déclare pour la France le ministre Bruno Le Maire. Nous voulons établir une infrastructure de données européennes sûre et souveraine, incluant entrepôts de données et pools de données et développer une interopérabilité sur les données». En travaillant ensemble, les entreprises européennes bénéficieront d’un corpus de données plus vaste pour développer leurs algorithmes et renforcer leurs positions sur un marché mondial et très concurrentiel, souligne le ministre français en concluant : «C’est important pour l’autonomie numérique et technologique de l’Europe».

Générer un marché européen

L’idée n’est pas de bâtir un «cloud souverain» contrairement à ce qui a pu être fait, mais «d’avoir des offres de confiance où les espaces numériques sont indépendants des lois extraterritoriales.» La France et l’Allemagne ne vont donc pas recréer des infrastructures ou des applications dédiées.

Dans ce projet, Hexatrust -dont Cyber Security Management est le représentant en Belgique et au Luxembourg- se retrouve pleinement dans son rôle fédérateur au niveau de la cybersécurité et du cloud.

Le projet ? Maîtriser la chaîne de valeur (l’ensemble des composants) qui sert à motoriser ces espaces de confiance, amener les acteurs à travailler entre eux, créer un écosystème en Europe pour fabriquer ces offres de confiance, alternatives aux solutions américaines et chinoises, explique-t-il. Aux Etats et grandes organisations, ensuite, de passer les commandes et de mettre leurs données dans ces clouds de confiance. Le critère de confiance doit être partie intégrante de l’achat.

«Nous avons du retard par rapport aux géants comme Google, Amazon ou Microsoft, a jugé la chancelière Angela Merkel lors du récent German Digital Summit. Ce qui me préoccupe le plus est que le traitement de données, industrielles et des consommateurs est fait en grande partie par des entreprises américaines. Nous entrons dans une relation de dépendance qui n’est pas bonne à long terme»

Sortir du carcan américain

Nombre de grandes entreprises allemandes ont participé à l’élaboration du projet, comme l’industriel Siemens, l’éditeur de logiciels SAP, la première banque allemande Deutsche Bank, l’opérateur téléphonique Deutsche Telekom ou encore le premier équipementier automobile Bosch. La France a déjà, elle, mobilisé les entreprises OVH, Thales, Dassault Systèmes et Atos.

En attendant, les fournisseurs américains prospèrent. En Allemagne, rien ne se fait plus sans les acteurs américains. «Près de 80 % des entreprises du DAX utilisent AWS», vante régulièrement Werner Vogels, vice-président d’Amazon. La vénérable Bourse allemande a annoncé récemment son transfert sur Azure, le cloud de Microsoft. Dans le secteur automobile, Volkswagen développe une plate-forme de production avec Amazon et un logiciel avec Microsoft pour connecter les véhicules, ces «smartphones sur roues» du futur. Porsche, filiale du groupe de Wolfsburg, a conclu en grande pompe le 23 octobre un accord avec l’éditeur allemand de logiciel SAP, qui lui-même avait signé deux jours plus tôt un accord avec Microsoft pour faciliter la transition de ses suites logicielles sur le cloud Azure…

La messe n’est pas encore dite

Autant dire que l’engagement des entreprises allemandes dans la future «économie de la donnée» est furieusement imbriqué aux «nuages» américains. Or, l’administration Trump fait planer un vent de panique dans un ciel déjà chargé. Depuis le Cloud Act, signé en 2018, l’administration américaine peut demander aux entreprises américaines de livrer les données de leurs clients, y compris celles stockées hors des Etats-Unis. La messe n’est pas encore dite, puisque le premier cas, concernant les données d’un narcotrafiquant sur les serveurs de Microsoft en Irlande, est encore en délibération devant la justice irlandaise. N’empêche…

Le branle-bas de combat n’en a pas moins été déclenché outre-Rhin pour reprendre le contrôle sur les champs de pétrole de la future économie 4.0 : les données industrielles et clients. Les secteurs de la santé et de la banque se disent en alerte. Kerem Tomak, vice-président exécutif de la Commerzbank, a invité les acteurs du secteur à se rencontrer le 25 novembre pour préparer un plan de bataille face aux fournisseurs américains de cloud. Pour faire respecter des normes européennes sur les données, «nous devons parler d’une seule voix», a-t-il expliqué en octobre devant la presse. De là, l’idée d Gaia-X, «Airbus de l’intelligence artificielle»…

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