Deux start-up incubées par The Faktory propulsées au niveau mondial
L’incubateur liégeois The Faktory engrange ses premiers succès avec la cession de Riiot Labs et une importante levée de fonds au profit de e-Peas.
The Faktory -l’incubateur, accélérateur et fonds d’investissement privé mis sur pied à l’automne 2013 par Pierre L’Hoest, qui cofonda et dirigea EVS jusqu’en 2011- a réussi, ces derniers mois, deux opérations d’envergure : la cession de 80% du capital de Riiot Labs, qui a développé un analyseur intelligent de la qualité de l’eau des piscines, au groupe espagnol Fluidra, l’un des leaders mondiaux et numéro 1 européen de la piscine; une levée de fonds de 3 millions d’euros auprès d’investisseurs internationaux au profit d’e-Peas, spécialisée dans le développement de composants électroniques à très faible consommation énergétique.
Riiot Labs a été fondée en 2015 par deux ingénieurs liégeois et The Faktory. Son produit-phare, baptisé blue, est un capteur intégré qui transmet toutes les informations essentielles sur la qualité de l’eau d’une piscine (température, PH, taux de chlore, etc.) à son propriétaire via une application mobile. Ce contrôle permanent permet d’anticiper bon nombre de problèmes et diminue ainsi les coûts d’entretien. En janvier dernier, blue a décroché un Innovation Award au prestigieux Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas.
Dans le marché en plein essor de la piscine domestique, les débouchés de ce petit flotteur connecté sont extrêmement prometteurs. Après avoir assuré la distribution de blue sur plusieurs marchés européens, le géant espagnol Fluidra en est devenu l’actionnaire majoritaire le 31 juillet dernier. Les fondateurs de la start-up conservent 20% du capital et l’ancrage liégeois de l’entreprise est préservé, Riiot Labs demeurant une entité autonome au sein de Fluidra. «C’est une dimension à laquelle je suis très attentif. Nous sélectionnons des idées avec l’intention de les arrimer localement, que ce soit au niveau du personnel ou des sous-traitants», commente Pierre L’Hoest.
Augmentation de capital chez e-Peas
C’est un tandem de chercheurs de l’UCL qui est à l’origine d’e-Peas en 2014. Leur créneau : des microsystèmes permettant de déployer des solutions de capteurs sans fil consommant le moins d’énergie possible. Grâce à cette technologie, les batteries des objets connectés ne seront plus vouées, comme c’est encore le cas aujourd’hui, à une obsolescence rapide, voire ne devront plus jamais être remplacées. Le nombre d’applications possibles est exponentiel en raison du développement de l’IoT (Internet of Things), que ce soit dans l’industrie, la logistique, le retail, la santé ou encore la mobilité.
Pour amener la start-up à franchir le plus rapidement possible le cap de l’industrialisation, une première levée de fonds a été orchestrée, en septembre, auprès d’investisseurs internationaux. Autour du fonds franco-américain Partech Ventures, qui investit exclusivement dans l’IT de rupture, on trouve Airbus Ventures, Semtech, JC Decaux Holding et des partenaires wallons – la SRIW (via WING) et la Sopartec (via le fonds VIVES 2). The Faktory participe également à cette augmentation de capital de 3 millions d’euros. «Un projet industriel à vocation internationale comme celui-ci nécessite de grosses levées de capitaux au cours des deux ou trois premières années, l’enjeu étant de raccourcir au maximum le time to market», précise Simon Alexandre, directeur général de The Faktory.
L’approche unique de The Faktory
À la fois incubateur, accélérateur et fonds d’investissement en capital d’amorçage (seed capital), The Faktory n’a pas d’équivalent en Belgique. Ses modèles se trouvent aux États-Unis, où les statistiques de succès restent sans égal dans l’univers impitoyable des start-up. Deux ans après son lancement, The Faktory était déjà listée parmi les 100 accélérateurs les plus influents de la planète.
Onze start-ups sont actuellement hébergées par The Faktory dans le Parc scientifique du Sart-Tilman et, plus précisément, dans le bâtiment qu’occupait EVS lors de son introduction en Bourse ! Elles sont suivies de très près par Pierre L’Hoest et son équipe pluridisciplinaire. Ces projets ont été sélectionnés parmi plus de 250 dossiers de candidature. «Nous analysons les idées qui nous sont proposées – ainsi que les porteurs de projets – selon une approche à 360°, en faisant appel au besoin à des experts extérieurs. Nous privilégions les technologies disruptives, l’objectif étant de s’adjuger le leadership mondial sur des marchés de niche. Cette situation immunise l’entreprise contre certains maux car elle permet à la fois d’orienter le marché et de contrôler les prix», explique Pierre L’Hoest.
The Faktory a investi en capitaux et prêts plus de 6 millions EUR dans ces 11 start-up, qui emploient plus de 80 personnes, soit en moyenne 450 000 EUR par nouvelle entreprise. Ces apports financiers combinés à l’accompagnement de l’accélérateur permettent de générer un effet de levier vis-à-vis d’autres investisseurs, publics comme privés, ainsi que des principales banques. Simon Alexandre : «Notre volonté n’est pas de réaliser un exit le plus rapidement possible, mais de se donner les moyens nécessaires pour propulser nos ‘poulains’ dans le domaine industriel au niveau mondial. Dans le cas de Riiot Labs, la cession était une décision stratégique compte tenu de la globalisation du marché de la piscine. Nous avons toutefois veillé à ce que les fondateurs conservent une participation dans l’entreprise et nous poursuivons notre accompagnement. De son côté, e-Peas suscite déjà l’intérêt des plus grosses entreprises mondiales du secteur des semi-conducteurs.»
Un intérêt pour des porteurs de projets étrangers
Très attaché au développement d’écosystèmes locaux, Pierre L’Hoest n’en ouvre pas moins la porte à des porteurs de projets étrangers. C’est déjà le cas de deux start-ups figurant dans son portefeuille : Airboxlab, qui a développé un analyseur intelligent de la qualité de l’air intérieur, et Altostratus, à l’origine d’une jauge connectée permettant de mesurer la force et la direction du vent. «Ce qui prime pour nous, c’est la vocation internationale du projet. Pour le reste, il suffit que les entrepreneurs intéressés aient la volonté de s’installer quelques mois dans notre belle province de Liège !», lance Pierre L’Hoest… Des candidats ?