L’open data, clé de notre future mobilité ?

Sep 25, 2019 | Mobility | 0 commentaires

Le CERRE prône l’open data pour accélérer le Mobility-as-a-Service. Une fin en soi ? Pas sûr. Mais un passage obligé pour développer notre mobilité.

L’open data au secours de notre mobilité. Aujourd’hui, a chiffré le CERRE, un think tank basé à Bruxelles, 98% des déplacements concernent des trajets de moins de 80 km. Il serait donc opportun de relier les données -essentiellement locales, voire régionales- concernant ces déplacements.

VTC, covoiturage, trottinette électrique, vélo en libre-service, auto-partage, location entre particuliers… si de nombreux moyens de mobilité voient le jour, ils opèrent le plus souvent de façon isolée. Et c’est regrettable, estiment les experts du CERRE. Ces plates-formes numériques, qui se présentent souvent comme des alternatives destinées à tous, sont encore fragiles. Dans beaucoup de cas, le modèle économique de ces nouveaux services de mobilité est rapidement mis en difficulté.

D’un modèle de mobilité à l’autre

Faut-il pour autant arrêter de favoriser l’émergence de tels services ? Ou faut-il les proposer en compléments d’autres moyens de transport ? La création d’une plate-forme de MaaS (Mobility-as-a-Service), regroupant différents moyens de transports, les informations en temps réel qui es concernent et un système de billettique, fait sens. Le but, selon le CERRE, est que les usagers puissent passer d’un mode de transport à l’autre sans difficulté. 

«L’outil numérique est l’élément clé permettant de faire de la multimodalité et de l’intermodalité une réalité, estiment les auteurs du rapport. Il est préférable que le MaaS opère dans un marché multi-local et pas national ou international, puisque le but est de répondre aux problèmes posés par la mobilité du quotidien, qui représente 98% des déplacements.»

Eviter les monopoles

De là l’idée d’ouvrir les données à tous. Dans la mesure où aucun acteur n’est en mesure de maîtriser seul l’ensemble des données, l’ouverture large des données s’impose, défend le CERRE. «Ouvrir les données à tous garantit également la possibilité pour tous d’innover. Qui plus est, il s’agit de favoriser l’innovation en évitant les monopoles et les situations de rentes qui pourraient émerger du fait de la possession de données.»

Encore faut-il des modèles viables. Or, à ce jour, constate froidement le CERRE, le bilan économique de l’open data reste extraordinairement faible. «Le développement d’applications privées issues de démarches d’open data s’est bel et bien multiplié, mais ces applications n’ont généré quasiment aucun bénéfice significatif. Qui plus est, leur pérennité s’est souvent révélée très fragile, une fois les fonds publics d’aide au lancement épuisés.»

Les barrières au développement de services innovants sont diverses suivant les secteurs. La plus importante dans le secteur de la mobilité est l’existence d’acteurs dominants qui perturbent la logique économique rationnelle. Certains acteurs s’appuient sur leur monopole des données et ne les partagent pas. D’autres, notamment les grands acteurs d’Internet et des réseaux sociaux, diffusent des services très performants et ce gratuitement.

L’ouverture sans condition

Certains de ces opérateurs jouissent d’ores et déjà de positions monopolistiques très importantes, maitrisant par exemple plus de 70 % des données de mobilité. «Dans cet écosystème de la mobilité digitale, d’autres sociétés encore ont pour seul objectif d’être rachetées par un géant d’Internet sur la base de la valorisation des données de leurs utilisateurs. Il va sans dire qu’une telle démarche apporte peu de valeur ajoutée à nos territoires et à leurs administrés», regrette le CERRE.

La culture du «tout gratuit», que certains acteurs du numérique diffusent, est un outil au service de leur stratégie de monopole. De fait, l’ouverture des données en open data (donc sans conditions) représente une véritable aubaine pour ces grands monopoles. Au contraire, elle constitue une menace certaine pour les autres acteurs de la mobilité. Et risque fort de conduire à l’effet inverse que celui recherché. L’ouverture des données sans condition pourrait en effet entraîner un renforcement du poids des acteurs monopolistiques et la disparition de modèles économiques naissants.

Une régulation minimale

La grande majorité des données de mobilité disponibles ne constitue pas d’enjeux particuliers. Dans ce cas, une ouverture en open data ne pose donc aucune difficulté. D’autres données sont quant à elles plus sensibles au regard des politiques publiques de mobilité. Dès lors, il convient de s’assurer a priori que leur réutilisation soit en adéquation avec les politiques publiques.

Il est en effet difficile de justifier qu’un service utilisant des données publiques puisse dévier le trafic routier vers des écoles sous prétexte que les rues parallèles sont encombrées. Le fait est que certains services privés de mobilité ne prêtent pas nécessairement attention aux potentiels impacts négatifs de leur activité sur l’intérêt général (encombrement de l’espace public, dégradation de la sécurité, etc.). Une régulation minimale et raisonnée des réutilisations des données publiques est alors nécessaire, conclut le CERRE.

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