La vente pour 844 millions £ du Financial Times à l’éditeur business japonais Nikkei est indéniablement un «signe de notre époque». Depuis longtemps maintenant, imprimé et numérique ont engagé un combat dans le monde des médias -les deux luttant pour l’intérêt de leur public; les deux ayant du mal à répondre aux attentes de la publicité, mais aux extrémités opposées d’une courbe. Et aujourd’hui, l’une des marques les plus reconnues de médias dans le monde, célèbre pour son produit d’impression rose de haute qualité, a été happé par une société réputée pour son adoption effective du numérique en Orient.

La société Pearson a vendu le Financial Times afin de se concentrer sur son activité principale, à savoir l’éducation (des manuels scolaires et matériels de référence aux jeux éducatifs en ligne et tests standardisés). Le CEO de Pearson, John Fallon, a expliqué comment le Financial Times avait besoin de faire partie d’une organisation concentrée sur le journalisme -ce que Nikkei est indéniablement.

«Le lectorat numérique du FT a clairement représenté un grand attrait pour Nikkei. Aujourd’hui, le numérique représente 70% du lectorat du FT et a attiré plus d’un demi-million d’abonnés. Bien. Mais si le contenu numérique continue à s’accélérer, quid de l’imprimé traditionnel ?», observe Eric Gryson, CEO, Ricoh Belgium-Luxembourg 

Bien entendu, dans cette industrie, le digital, cela n’a rien de nouveau. Les quotidiens ont dû faire face aux challenges posés par la concurrence en ligne, notamment en matière de petites annonces lucratives, et ce depuis bien avant la récession globale. Ainsi, aussi bien les revenus des abonnements que ceux de la publicité ont baissé dans les pays développés.

«Les ventes de quotidiens européens ont chuté de presque un quart entre 2009 et 2014 -plus que dans n’importe quelle autre région, constate Eric Gryson. Toutefois, malgré ces défis, les magazines et quotidiens restent des médias extrêmement importants pour la diffusion de l’information. La diffusion des magazines s’est stabilisée ces dernières années, tandis que celle des quotidiens continue de croître dans les pays en développement.» De plus, en comparaison aux ordinateurs, smartphones et tablettes, les consommateurs trouvent que l’imprimé est un moyen plus relaxant de lire le contenu d’un quotidien. En complément de cela, 44 % des consommateurs disent que les quotidiens imprimés contiennent des publicités utiles, par comparaison avec les éditions sur ordinateur (28%), smartphone (17%) et tablette (17%).

Cependant, l’entrée d’un nouvel acteur sur le marché occidental sous la forme de Nikkei pourrait se révéler être un catalyseur qui permettra de créer un changement dans le monde des recettes publicitaires numériques. «Le marché britannique, pour ne citer que lui, est arrivé à un point où la croissance des dépenses numériques a aidé les quotidiens nationaux à relancer une croissance dans leurs revenus publicitaires globaux», estime Eric Gryson.

Il est également intéressant de noter la croissance du mobile -le canal du FT à la croissance la plus rapide, représentant à peu près la moitié du trafic total. Un livre blanc intitulé ‘Making the most of mobile: what a ‘mobile first’ strategy means for your business’, sponsorisé par  Ricoh Europe et écrit par l’experte de l’industrie Cary Sherburne, met en évidence comment l’adoption rapide des technologies mobiles peut ajouter de nouveaux produits et services profitables au portfolio d’une société.

Avec la forte réputation et l’expertise de Nikkei dans le journalisme, ils seront en mesure d’apporter un nouveau niveau d’innovation orientale dans ce marché occidental établi, tout en améliorant son intérêt pour les annonceurs. Il sera fascinant de voir comment ceci va renforcer l’offre numérique du FT, ainsi que ce que cela apportera à l’ensemble du marché.

«L’arrivée d’un nouvel acteur important fera sans doute bouger les choses. Les équivalents des quotidiens basés au Royaume-Uni tels que le Guardian ou le Daily Mail, qui opèrent aujourd’hui sur la scène internationale, ont été des ‘early adopters’ couronnés de succès de la publicité numérique, poursuit Eric Gryson. L’arrivée de Nikkei pourrait leur forcer la main, créant une nouvelle vague de pensée qui se répandra à travers le reste du marché.»

De même que pour le numérique, les éditeurs saisiront également l’occasion de considérer leur produit, leur journal, comme un moyen de stimuler la croissance du chiffre d’affaires. Nous nous attendons à ce que beaucoup se penchent sur l’impression numérique comme un moyen d’améliorer la qualité et la pertinence.

«L’impression numérique a jusqu’ici joué un rôle marginal dans la production, mais cela commence à changer à mesure que les éditeurs explorent de nouvelles manières d’injecter de la vie dans leurs produits imprimés, estime Eric Gryson. «Il ne doit pas s’agir d’une question de ‘l’un ou l’autre’ entre l’imprimé et le numérique. Au contraire, il doit s’agir d’un mariage entre les deux. En fait, ils peuvent se soutenir mutuellement dans une relation symbolique améliorée qui sera annonciatrice d’une nouvelle ère dans l’industrie des médias.»

Pour Eric Gryson, nous n’avons pas encore tout à fait atteint ce point, mais l’arrivée de Nikkei va introduire une nouvelle phase d’innovation orientale qui est destinée à donner un grand coup de balai au sein des salles de rédaction occidentales.

La collaboration entre rivaux peut-elle représenter un départ ? Les six principaux groupes de quotidiens nationaux du Royaume-Uni on récemment uni leurs forces pour lancer une campagne de publicité conjointe, dans le but de rappeler le rôle que jouent les quotidiens pour les annonceurs, les lecteurs et la société. Il sera fascinant de voir comment cette histoire va se développer dans les prochains mois et les prochaines années.

 

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Eric Gryson - Ce que la vente du FT signifie pour les médias
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Selon Eric Gryson, de Ricoh, le lectorat numérique du FT a clairement représenté un grand attrait pour Nikkei.
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