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Bleu Jour européanise le PC

Juin 14, 2022 | Data Center | 0 commentaires

Avec, désormais, une carte mère européenne, Bleu Jour passe du statut d’intégrateur à celui de fabricant. D’autant plus que ses PC se veulent vraiment différents. Analyse d’une success story.

D’ici, à 2030, l’Union européenne mettra sur la table près de 50 milliards d’euros pour réduire nos dépendances en matière de semi-conducteurs et retrouver une autonomie stratégique… Un horizon bien lointain. Ce qui fait sourire Jean-Christophe Agobert, CEO, Bleu Jour. Voici vingt ans que son entreprises multiplie les initiatives pour assurer au maximum son indépendance vis-à vis des grands producteurs de composants.

Etape majeure aujourd’hui. « Créer notre propre carte mère est rapidement devenu une priorité pour Bleu Jour qui va pouvoir passer du statut d’intégrateur à celui de fabricant à part entière. Plus que jamais nous sommes déterminés à éviter les risques de pénurie et de dépendance avec l’Asie ! » Pour Bleu Jour, il ne s’agit pas de concurrencer un HP ou un Lenovo. Mais de produire des PC différents tout en maîtrisant au maximum l’approvisionnement des composants. 

Bleu Jour, premier ordinateur européen

Et ça marche ! La production annuelle de cette PME toulousaine a plus que triplé en deux ans, passant de 20.000 unités en 2019 à plus de 70.000 unités en 2021 ! L’entreprise ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle lance aujourd’hui le premier ordinateur européen -présenté à l’European Institute of Innovation & Technology à Bruxelles.

« Le projet a débuté en 2018, bien avant même que l’Europe ne parle de réindustrialisation, poursuit Jean-Christophe Agobert. En observant l’évolution exponentielle de ce marché, nous avons voulu proposer une alternative dans l’univers du high-tech. Avec un vif intérêt pour des PC qui sortent de l’ordinaire, nous nous démarquons résolument des autres fabricants.»

Le Kubb, PC emblématique

En 2020, l’arrivée des Compute Element d’Intel fait office de déclencheur pour le marché grand public. Il s’agit d’une carte interchangeable, comprenant le processeur, son chipset et sa mémoire, à connecter à une carte mère. C’est ce composant -fabriquée par des entreprises françaises, puis assemblé par un atelier protégé- qui sera désormais proposé par Bleu Jour. Et qui équipe le Kubbun mini PC cubique de 12 cm de côté, doté au choix d’Intel Core de 11ème génération. Très silencieux, voire totalement dans ses versions ‘fanless’, le PC arbore des boitiers monobloc en métal ou en bois entièrement faits à la main et disponibles dans de très nombreux coloris. Plusieurs fois récompensé, le Kubb a tout récemment reçu le prix « 2021 Product Design », dans le cadre du concours international Red Dot Award. Il est aujourd’hui à l’origine de 70% des ventes de Bleu Jour dans le BtoB, marché dont le fabricant tire environ 95 % de ses revenus globaux

Cartes mères à la demande des clients

« Les éléments fondateurs de notre entreprise sont : esthétisme, qualité, innovation, praticité et exclusivité. Notre vision est de créer des produits technologiques de pointe tout en associant un mélange subtil de métiers d’art, tels que la métallerie, l’ébénisterie, la maroquinerie, etc. Nous poussons l’originalité jusqu’à concevoir des cartes mères à la demande pour certains clients…» Pour la suite, Bleu Jour compte aussi réaliser ses propres NUC Board. Et continuer à créer de nouveaux modèles avec l’expertise d’Intel.

À l’heure d’une certaine souveraineté économique, cette initiative pourrait recevoir un écho favorable. Outre l’accélération de sa R&D, l’entreprise, qui réalise 80 % de son activité hors de France, vise aujourd’hui le marché allemand. « A la différence du marché français, l’Allemagne favorise les acteurs locaux. Lorsque nous fabriquons sur place, nous sommes naturellement prioritaires… alors qu’en France, le discours politique n’est que rarement suivi !»

Prochainement aux Etats-Unis…

L’entreprise envisage également une levée de fonds de 10 à 15 millions d’euros. L’objectif est multiple. D’abord restructurer l’outil de fabrication à Toulouse pour réunir le siège, la zone de production et d’assemblage et la partie stock en un même lieu. Ensuite, lancer des campagnes marketing pour asseoir la notoriété de la marque. Enfin, prendre position aux Etats-Unis, en y reproduisant le même modèle.