De la pointeuse à l’analyse des données. Repenser le temps de travail

par | Mar 15, 2018 | Expérience | 0 commentaires

Revenir à la pointeuse ? La question fait -encore et toujours- débat dans le cadre des nouvelles méthodes de travail. L’avis de Peter s’Jongers, CEO, Protime.

La pointeuse, une fois de plus le bouc émissaire ! Le gouvernement Michel veut en finir avec la prolifération des systèmes de congés chez les fonctionnaires fédéraux. Par défaut, ces derniers ont droit à 26 jours de congé, auxquels viennent s’ajouter des jours supplémentaires. Ainsi, au sein des services publics qui ne pointent pas, 12 jours de récupération sont en moyenne octroyés en guise de compensation… pour l’abolition de la pointeuse !

«Régulièrement, la pointeuse refait surface lors de discussions portant sur la fonction publique moderne… et par extension sur le lieu de travail moderne, commente Peter s’Jongers. Qu’elle soit introduite ou, au contraire supprimée, la pointeuse est invariablement source de désaccord. Ainsi, quelle serait la réaction des syndicats si un ministre décidait aujourd’hui d’introduire la pointeuse ? Il n’est pas impensable qu’il y ait alors également des gens qui considèrent qu’une pointeuse accroît la pression au travail ou qu’elle incarne le retour vers une sorte de ‘commande et contrôle’, dont nous devons justement nous éloigner.» 

La pointeuse, ce bouc émissaire

Force est de constater que l’enregistrement du temps de travail -à l’aide d’une pointeuse- fait souvent office de paratonnerre dans le débat sur le travail moderne. Et, immanquablement, de bouc émissaire dans les discussions sur l’ancien travail, le nouveau travail et le travail de demain. L’enregistrement du temps de travail n’est qu’un des nombreux outils qui existent aujourd’hui pour assister les entreprises dans leur politique HR. En tant qu’outil, l’enregistrement du temps n’est ni «moderne», ni «démodé». De nombreuses entreprises l’ont toujours pratiqué, certaines l’introduisent pour la première fois maintenant; d’autres l’introduisent à nouveau après l’avoir aboli. Et certains ministères le suppriment ou y réfléchissent.

Peter s’Jongers (Protime) : «Les heures prestées ne constituent qu’un des nombreux éléments que vous pouvez introduire dans votre système HR.»

«Mais les heures prestées ne constituent qu’un des nombreux éléments que vous pouvez introduire dans votre système HR, enchaîne Peter s’Jongers. La collecte de données -de quelque façon que ce soit- est une première étape. C’est l’analyse de toutes ces données qui vous permettent véritablement de vous mettre au travail en tant qu’entreprise. Regardez par exemple les sportifs de haut niveau : chaque club de sport qui se respecte dispose d’un labo avec des analystes qui contrôlent toutes les valeurs des sportifs afin d’en améliorer les performances. Le programme «Wereldrecord», sur la chaîne Canvas, au cours duquel Maarten Vangramberen analyse des records sportifs, en est la meilleure preuve.»

Repenser la collecte du temps

Avec l’avènement de l’IoT, nous nous habituons aux systèmes de vigilance : smart cities, smart homes et smart cars. Nous avons quitté un monde qui mesure à heures fixes pour un monde qui contrôle en permanence -et nous envoie une notification en cas d’imprévu. Pourquoi devrions-nous demeurer à la traîne sur le lieu de travail, questionne Peter s’Jongers. «Il n’en va pas autrement dans le domaine des HR : on assiste à une explosion d’outils software-as-a-service avec des apps mobiles et des rapports intégrés, qui permettent aux entreprises d’effectuer un contrôle en permanence et en temps réel.»

Dans les entreprises bien gérées, la collecte de données ne s’effectue pas seulement pour contrôler les travailleurs et les heures qu’ils prestent. Ce sont également des systèmes qui indiquent quand la pression de travail devient -trop- élevée à certains moments, où l’implication des travailleurs diminue soudainement, des plaintes vis-à-vis de certains managers apparaissent ou dans laquelle une fluctuation trop importante existe, insiste Peter s’Jongers.

«Ces systèmes permettent également aux travailleurs d’adapter leur travail en fonction des objectifs stratégiques de l’entreprise -‘est-ce que je travaille dans le bon sens ?’ Il arrive encore trop souvent que des travailleurs partent travailler de bonne humeur pendant toute une année avant de s’entendre dire lors de leur évaluation qu’ils ne font pas du tout ce que l’on attend d’eux. Quelle perte de talent et d’énergie !» 

Grâce à un contrôle continu, les outils HR modernes offrent une foule de données quantitatives et qualitatives, lesquelles s’avèrent utiles tant pour l’employeur que pour le travailleur. Elles permettent d’y voir clair dans le brouillard des tâches quotidiennes, un peu à la façon des heads up displays dans les jeux, qui indiquent où en est la batterie (niveau d’énergie et flux), votre santé (qu’en est-il de votre carrière ?) et une boussole (avez-vous pris la bonne direction ?).

«La gestion des performances doit donc être une priorité stratégique de chaque entreprise, tant publique que privée, conclut Peter s’Jongers. Et si nous parlions de cela, plutôt que de la pointeuse ? Car ce temps-là, nous l’avons !»

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