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Beltug prend le dossier VMware en main

Mar 28, 2024 | Data Center | 0 commentaires

Affaire VMware, suite. Beltug adresse un courrier à la Commission européenne. Pour l’association belge, « le mépris et la brutalité de Broadcom envers ses clients sont sans précédent dans l’histoire récente de l’économie numérique en Europe. »

Affaire VMware, suite. Après le CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe), voici dix jours, c’est au tour de Beltug et ses consoeurs Cigref en France, CIO Platform Nederland aux Pays-Bas et Voice en Allemagne, de condamner fermement le comportement de Broadcom au sein de l’Union européenne.

Suite à l’annonce – en mai 2022 – du projet de rachat de VMware par Broadcom, les quatre associations ont cosigné une lettre à Margrete Vestager. Cette lettre mettait en garde contre les conséquences de la fusion à venir. Ces préoccupations ont désormais été prises en compte. Leur impact sur les membres des quatre associations est considérable.

« Nous observons que le comportement de Broadcom semble contraire aux principes de concurrence loyale et pourrait être révélateur d’une exploitation abusive. Cette conduite n’est possible qu’en raison de l’enfermement des clients et de la forte dépendance des utilisateurs professionnels qui ont acquis et mis en œuvre des produits VMware dans leurs opérations passées. »

VMware, des prix en forte hausse, mais pas seulement…

Depuis son rachat de VMware, Broadcom a confronté ses clients à des changements soudains de politique et de pratiques entraînant des prix en forte hausse, le non-respect des accords contractuels antérieurs, l’interdiction de la revente de licences, le refus de maintenir des conditions de sécurité pour les licences perpétuelles, mais aussi le (re)groupage des licences, entraînant des coûts plus élevés… et un bouleversement de l’écosystème des revendeurs et partenaires VMware

« Nous appelons la Commission européenne à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ce désordre sur le marché de la virtualisation, insiste Beltug et ses consoeurs. La Commission européenne devrait protéger les utilisateurs professionnels européens de VMware contre ce type de comportement… qui avait déjà été prévu dans nos soumissions à l’enquête. »

CIO Platform Nederland, l’une des quatre associations, avait été claire dans ses échanges. « Nos membres craignent avant tout une forte augmentation des prix qui leur serait imposée par de nouveaux modèles tarifaires (par exemple en échangeant un modèle de licence à usage perpétuel contre un modèle d’abonnement), ou une détérioration des conditions contractuelles, que Broadcom pourrait imposer en raison de la dépendance de nos membres à l’égard de VMware. Cela s’est produit par exemple après le rachat de Symantec par Broadcom… »

L’approche de Broadcom ne peut pas devenir un précédent

Dans des lettres et conversations précédentes avec la Commission, les quatre associations avaient également présenté 11 principes équitables pour libérer le potentiel numérique de l’Europe.

« Malheureusement, nous voyons aujourd’hui un exemple concret du pouvoir des grands fournisseurs – et de la manière dont ils vont l’utiliser. Nous appelons la Commission à agir pour mettre fin à de tels comportements contraires à l’éthique. Il est absolument nécessaire de retarder les changements drastiques imposés unilatéralement par Broadcom. En outre, des mesures énergiques sont nécessaires pour garantir que d’autres fournisseurs ne suivront pas l’exemple inacceptable de Broadcom. L’approche de Broadcom ne peut pas devenir un précédent. »

Les logiciels cloud étant insuffisamment couverts par le DMA, les clients et les entreprises européennes lésés par ces pratiques déloyales dépendent des affaires anticoncurrentielles pour obtenir tout type de réparation, note encore Beltug. « Il est essentiel de considérer que, pour un utilisateur professionnel, poursuivre en justice un fournisseur dont votre organisation est extrêmement dépendante n’est pas une démarche souhaitée, par crainte de représailles. »

Protéger l’avenir numérique

La Commission devrait donc prendre des mesures définitives contre les géants du logiciel qui enferment leurs clients par un comportement déloyal. Pour rappel, VMware joue un rôle important sur le marché du cloud privé, les alternatives pour les utilisateurs professionnels se trouveront dans le cloud public. « Cela renforcera encore la position et le pouvoir des hyperscalers, ce qui aura un impact profond sur l’ensemble du marché. Nous sommes convaincus qu’une action ou une communication de la Commission contre le comportement de Broadcom est nécessaire pour protéger l’avenir numérique de l’Europe. »

Aujourd’hui, les quatre associations appellent la Commission européenne a non seulement donner son point de vue sur la situation, mais également à préciser quelles sont les pistes d’action qui s’offrent à elle, aux associations ou aux organisations concernées, pour faire face à cette situation, et également à décourager d’autres fournisseurs comme Broadcom d’agir de manière tout aussi contraire à l’éthique à l’avenir.

Ne pas réagir serait un signal de faiblesse

« Dans le contexte du rachat de VMware et du changement de stratégie commerciale, le mépris et la brutalité de Broadcom envers ses clients sont sans précédent dans l’histoire récente de l’économie numérique en Europe. » Compte tenu de son ampleur et de l’impact de Broadcom, cette affaire ne peut être laissée aux seuls techniciens du droit de la concurrence. Il s’agit d’une question dont les dimensions économiques et politiques doivent être pleinement comprises.

« Si les pouvoirs publics de l’Union européenne laissent prospérer Broadcom dans sa volonté de se comporter ainsi, avec tant de mépris et de brutalité, ce serait un signal clair de faiblesse que nos institutions enverraient aux autres géants du numérique, un signal que sera, sans aucun doute, clairement entendu, estime encore Beltug et ses consoeurs. Une fois de plus, le comportement de Broadcom ne peut pas devenir un précédent. »