La coopérative belge SWIFT, qui regroupe quelque 7.000 banques dans le monde, expérimente des innovations dans les paiements internationaux -un marché très convoité par les fintech.

SWIFT, la riposte. SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) explore de nouvelles pistes pour réduire les délais de transfert d’argent. La blockchain en est une, Ripple une autre. En cours, un projet d’innovation dont un des objectifs est de ramener à une journée le délai de réception des fonds. Un pilote (sur 21 banques) a été lancé. Il porte -dans un premier temps- sur le marché B2B des paiements internationaux; il sera sans doute étendu au transfert d’argent entre particuliers. Swift dévoilera les résultats de cette expérimentation au cours de la conférence SIBOS 2016, qui se tiendra à Genève du 26 au 29 septembre.

SWIFT se cherche un nouvel avenir. La coopérative belge -qui compte quelque 10.000 adhérents dans 200 pays environ, dont 7.000 banques- est menacée. Les nouvelles technologies ont considérablement modifié les attentes des utilisateurs finaux de SWIFT.

Un certain nombre d’inefficacités sont de plus en plus décriées à l’heure du tout digital :

– un coût moyen de 7,9%, qui représente pas moins de 45 milliards de USD qui n’arrivent pas dans les mains de leurs bénéficiaires chaque année;

– des transferts bancaires qui prennent 2 à 3 jours (voire plus) pour être réglés alors qu’il faut quelques millisecondes pour envoyer de l’argent sur un compte mobile au Kenya:

– des services financiers au modèle de distribution trop onéreux, inaccessibles pour les 2.5 milliards d’adultes qui ne possèdent pas de comptes en banque.

De nouveaux prétendants

D’une manière générale, les utilisateurs finaux de SWIFT réclament un service meilleur marché, davantage de transparence sur les tarifs afin de savoir exactement quelle somme le bénéficiaire recevra, ainsi qu’une plus grande traçabilité des transactions, entre leur déclenchement et le moment où le compte du bénéficiaire est crédité.

Les nouveaux prétendants sont là, comme PayPal, TransferWise et CurrentyFair pour ne citer qu’eux. Et, dans leur sillage, des personnalités comme Richard Branson ou Andreessen Horowitz pour les financer.

Mais, plus encore, c’est Ripple, un système de règlement brut en temps réel, qui va changer la donne. Ripple est construit sur un protocole internet distribué et open source, un registre de consensus et une monnaie native appelée XRP (ripples). Lancé en 2012, le réseau vise à permettre des «transactions financières mondiales sécurisées, instantanées et presque gratuites, de toute taille sans rejets de débit».

Selon certains observateurs, Ripple va se développer rapidement en résolvant les problèmes liés aux transferts internationaux (coûts, rapidité, clearing sans intermédiaires). Dans le même temps, le Bitcoin va s’enliser lentement dans le développement du code et se diriger vers  un marché de niche qui reste à trouver.

Pour SWIFT, la blockchain est un ‘complément’

Chez SWIFT, il n’est pas question voir passer le train de l’innovation. Des ateliers de réflexion sur la façon dont les technologies de rupture pourraient aider à réinventer les paiements interbancaires internationaux dans les cinq prochaines années vont être organisés. La blockchain, en particulier, est à l’agenda.

On peut décrire en termes simples la blockchain comme un historique des transactions effectuées par une devise, une sorte de livre comptable, cet historique étant décentralisé -il n’est pas stocké de manière unique. D’un point de vue technique, il s’agit d’une base de données dite «distribuée» ou répartie sur un potentiellement grand nombre de machines, à la manière des systèmes «peer-to-peer» qui permettent d’échanger des supports numériques. Ce qui veut dire encore que cette base est publique, accessible n’importe quand et par n’importe qui -l’anonymat des utilisateurs est néanmoins préservé. Principal avantage : réduire les coûts d’infrastructure des transactions. Pour une banque, on imagine vite l’intérêt surtout s’il s’agit de transferts internationaux ou d’opération de trading. Mais aussi bien sûr, il s’agit apporter de la transparence.

Pour la coopérative installée à La Hulpe, la blockchain peut compléter son service. Sans devenir concurrente. La blockchain n’apporte pas le même niveau de sécurité puisqu’elle ne possède pas, par exemple, les capacités de lutte contre le blanchiment dont les banques disposent, argumente SWIFT. Aujourd’hui, oui. Mais demain ?