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Ne réduisons pas la GenAI à un nouvel outsourcing

Mar 4, 2024 | L'opinion de l'Expert | 0 commentaires

ChatGPT-3 n’existe que depuis un an et déjà on évoque le potentiel de « disruption » de la Gen AI pour les ressources humaines. Nouvel outsourcing, vraiment ? Debbie Compeau, Washington State University’s Carson College of Business and Research, avance quelques pistes de réflexion.

Doutes, inquiétudes, remises en question… La GenAI fait peur. Discrètement, mais sûrement, elle redessine le marché du travail. D’emblée, on l’assimile à une nouvelle forme d’outsourcing. « Au lieu d’être délocalisé en Inde ou dans les pays du Maghreb, les emplois vont cette fois ‘dans la machine’ », illustre Deborah Compeau, Professor, Carson College of Business and Research Washington University.

Une enquête Gallup publiée l’automne dernier révélait qu’un nombre croissant de travailleurs américains -en particulier ceux qui ont fait des études universitaires- craignent que les progrès technologiques ne rendent bientôt leur emploi obsolète.

Dans le même temps, une récente enquête de Deloitte auprès de 2 800 cadres supérieurs a révélé que la plupart ne se sentent pas préparés aux changements que l’IA pourrait apporter.

La crainte de voir son emploi devenir obsolète

ChatGPT-3 n’existe que depuis un an et déjà on évoque le potentiel de « disruption » de la Gen AI pour les ressources humaines. A travers sa propre enquête, le Carson College of Business de la WSU a été plus loin. 56 % des 1 200 professionnels américains interrogés craignent de se retrouver laissés pour compte dans leur carrière s’ils n’ont pas la possibilité d’en apprendre davantage sur les utilisations de l’IA sur le lieu de travail.

« Lorsqu’on leur a demandé de classer leurs préoccupations concernant la technologie, 32 % ont cité parmi leurs trois principales craintes que certains emplois ne deviennent obsolètes, relève Debbie Compeau. En tant qu’université de commerce, nous devons préparer très clairement nos étudiants à l’utiliser sur le lieu de travail. »

Une question ressort, résume Debbie Compeau : « ai-je les compétences pour faire ça ? » D’un autre côté, les résultats de l’enquête  de la WSU suggèrent que de nombreuses entreprises sont également ouvertes au potentiel de l’IA… Seulement 4 % des travailleurs ont déclaré que leur organisation craignait la technologie. Un quart décrit leurs employeurs comme enthousiastes.

30 % des travailleurs déclarent que leur organisation est « mesurée » et « prudente » quant aux capacités de l’IA. De plus : 74 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles pensaient que les diplômés universitaires entrant sur le marché du travail devraient déjà avoir une expérience dans l’utilisation de l’IA.

Des emplois disparaitront, d’autres seront créés

Pour Debbie Compeau, il y aura un double mouvement. L’« outsourcing » par la GenAI  concernera les tâches peu complexes. Quant aux emplois qui resteront après cette externalisation, ils nécessiteront des niveaux de formations et de compétences plus élevés. D’un côté, donc, la GenAI peut « créer des plans stratégiques qui s’inspirent et qui copient ce qui a été fait auparavant » ; d’un autre, les entreprises auront également besoin de personnes capables de proposer de nouvelles approches.

Cela implique de discuter du moment où les étudiants doivent utiliser leur cerveau humain pour compléter et vérifier les faits. Et donc pouvoir reconnaître les biais dans les réponses générées. « En fin de compte, les collèges et les universités doivent trouver des moyens d’intégrer l’IA dans leurs cours. Pas question de l’interdire ! Les employeurs doivent offrir une formation aux travailleurs actuels », conclut Debbie Compeau.