De plus en plus expert, de moins en moins comptable !

par | Mar 19, 2018 | Business | 0 commentaires

L’IFAC, la fédération sectorielle européenne des comptables, met en garde ses membres concernant les transformations du marché. C’était au cours de l’EXACT International Accountancy Summit.

«La demande des entreprises face aux experts comptables a changé. Là où il y a quelques années les prestations attendues étaient simplement liées à la comptabilité de l’entreprise, la réalisation des bilans ou autres missions comptables, l’attente dépasse ce cadre là. Notre défi n’est pas limité au numérique, c’est l’engagement sur le conseil qui est désormais notre challenge !», a déclaré Philippe Arraou, président de l’IFAC (International Federation of Accountants).

C’était au cours de l’EXACT International Accountancy Summit, qui vient de s’achever à Barcelone organisé par son nouveau CEO, Phill Robinson. Soixante invités de quatre pays (Belgique, Espagne, France et Pays Bas).

Apporter plus de valeur aux clients

Les entreprises veulent avoir une relation privilégiée avec leur expert-comptable, estime Philippe Arraou. Pourquoi ? D’une part, parce que les problématiques autour de l’entreprise sont nombreuses (gestion, connaissance des réglementations, processus d’optimisation…) et tout l’éco-système évolue à grande vitesse; l’expert doit être en mesure d’apporter des réponses à ces dernières. D’autre part, une autre dimension est attendue par les clients, celle d’un accompagnement dans la digitalisation de leur entreprise.

Pour sa part, Phill Robinson voit l’expert-comptable comme un business coach. A l’image du pilote de Formule 1, Max Verstappen, qu’EXACT sponsorise, le chef d’entreprise reçoit de l’expert comptable, ingénieur technique, et de son équipe toutes les informations, outils et conseils en temps réel pour exceller dans le pilotage de son entreprise. «Le rôle d’expert-comptable autrefois perçu comme fonction obligatoire et sans valeur ajoutée est aujourd’hui vu comme un réel partenaire, un socle dont le rôle premier doit être celui de conseiller l’entreprise.» Les dirigeants attendent effectivement que l’expert-comptable puisse apporter des réponses multiples, en terme d’organisation (management, stratégie, système d’informations…) et de conseil sur des domaines de plus en plus variés (fiscal, juridique, immobilier, financier, social…). L’objectif : apporter plus de valeur aux clients !

«Adaptez- vous maintenant, sans quoi vous serez bientôt pris de court !», renchérit Philippe Arraou. A l’entendre, plusieurs facteurs transforment le travail du comptable. Bientôt, la déclaration fiscale ne sera plus nécessaire en raison du fait que les transactions peuvent être directement transmises au fisc grâce à la technologie. En Espagne, les grandes sociétés sont déjà tenues de facturer de façon numérique. «Une copie est directement transmise à l’administration fiscale, si bien que la déclaration de TVA séparée devient superflue, explique-t-il. Cette tendance affectera très rapidement le reste de l’Europe; les comptables doivent anticiper cette évolution !»

Un plan en quatre étapes

Les nouveaux arrivants -comme les banques et les entreprises fintechs- constituent une menace directe pour le comptable classique. Ils sont capables de mieux travailler et sont moins chers grâce à la technologie.

«Dans le cas d’un diagnostic médical, par exemple, on se fie désormais davantage à l’analyse de l’ordinateur qu’aux connaissances générales du médecin. Bien que de nombreux pays européens règlementent encore strictement le marché des services comptables, aux Pays-Bas le marché est déjà ouvert. Là-bas, n’importe qui peut proposer des services administratifs. Le comptable a donc fortement intérêt à veiller tout particulièrement à sa valeur ajoutée.»

Mais à côté de ces mises en garde, Philippe Arraou propose également une solution, sous la forme d’un plan en quatre étapes. Un : les bureaux comptables doivent identifier les tâches qu’il est possible d’automatiser et concentrer leurs activités sur les tâches qui ne peuvent pas l’être.

Deux : ils doivent ensuite analyser l’impact de la numérisation sur chaque partie prenante. Et de conseiller de ne pas prendre cette étape à la légère car chacun doit être prêt à contribuer à la transformation numérique, sans quoi le processus est condamné à l’échec. Simon Verduin, du bureau Omnyacc Van Teylingen, va dans le même sens : «Lorsque nous nous sommes tournés vers Exact Online, certains collaborateurs restaient encore très attachés à l’ancien packet au mode de travail manuel. À l’époque, nous avions vraiment imposé une nouvelle méthode de travail à tout le monde. Il faut évidemment prévoir des formations et susciter l’enthousiasme des clients, sans quoi le changement n’aura pas lieu. Aujourd’hui, 95% de nos clients travaillent avec Exact Online et fournissent tous leurs documents administratifs sous forme numérique…»

Attirer des spécialistes des data

Troisième étape : adapter et officialiser la nouvelle stratégie du bureau. Dans ce cadre, les bureaux doivent examiner le rôle attribué aux partenaires, établir de nouveaux objectifs et impliquer activement leurs équipes. Il est également essentiel d’attirer des personnes d’un nouveau type, comme des spécialistes du data. «Nous avons embauché un étudiant en business intelligence qui nous aide à organiser et à interpréter les données afin d’améliorer la qualité de nos expertises, explique Harm Kersten, Konings en Meeuwissen. Ce n’est pas le genre d’initiative que l’on peut attendre d’un comptable; un expert de ce type est vraiment très précieux…»

Quatrième étape, enfin, pouvoir déterminer la nature exacte de sa valeur ajoutée et développer des services dont leurs clients ont vraiment besoin. «Les entrepreneurs changent de comptable s’ils n’ont pas le sentiment qu’il est suffisamment actif et qu’il leur prodigue des conseils de qualité, constate Philippe Arraou. En d’autres termes, vous devez veiller à connaître avec précision les besoins de votre client !» 

«En Belgique, les bureaux comptables font face au défi qui consiste à se munir de nouveaux talents, conclut Raf Dom, SBB Belgium. Les formations comptables ne préparent pas assez les étudiants à la transformation numérique, ni à son impact sur le métier…»

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