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Data centres, les géographies changent…

Oct 20, 2020 | Data Center | 0 commentaires

La crise sanitaire et les nouvelles technologies vont changer la géographie des data centres. Les FLAP-D pourraient ne plus être au centre du marché.

Longtemps, le marché des data centres a été dominé par les marchés FLAP-D de Francfort, Londres, Amsterdam, Paris et Dublin, villes ayant leurs propres secteurs économiques et financiers à servir. Si ces places demeurent toujours essentielles à l’écosystème des data centers en tant que points d’entrée (plus de 500 MW de construction en cours), l’intérêt pour ces marchés évolue. Elles sont désormais confrontées à des besoins en énergie indispensable à leur puissance, un stock de terrains limité et une demande toujours plus importante de proximité des utilisateurs régionaux.

Une multitude de nouveaux sites a ainsi rejoint le paysage des data centres, les opérateurs ayant répondu à la demande de leurs clients à travers toute l’Europe. La pandémie COVID-19 n’a fait qu’accentuer cette tendance, des millions de personnes continuant à travailler depuis leur domicile, d’où un accroissement de la demande sur les marchés secondaires.

Plus proches des clients finaux

«L‘augmentation de la valeur des terrains, la disponibilité limitée de l’énergie, les moratoires sur la construction des data centres dans certains marchés FLAP-D et les délais d’obtention des connexions par fibre optique poussent les hyperscalers à déplacer la géographie des futurs data centres pour les rapprocher de leurs clients finaux. Ce mouvement a donc débloqué l’activité de centres de données émergents dans des villes qui seraient classées comme ‘core’ pour tout autre type d’actif», observe Matthieu Gallego, Associate Director, Turner & Townsend France. C’était le 13 octobre dernier, au cours de l’événement Infra ICT 2020, devant un public nombreux.

Matthieu Gallego : “Les besoins considérables en énergie des sites sur lesquels sont implantés les data centers entraînent des investissements et des développements importants sur des marchés qui peuvent tirer parti de sources d’énergie vertes, fiables et peu onéreuses comme l’hydroélectricité, à l’exemple des pays nordiques…”

Significatif, le marché néerlandais. Saturé, laisse tomber Matthieu Gallego. Plus de place, un réseau électrique de moins en moins fiable à cause, justement, du trop grand nombre de centres de données. Amsterdam perd du terrain, notamment face à Varsovie.

La Pologne attire

«La capitale polonaise a suscité un intérêt considérable ces derniers temps de la part des hyperscalers et de l’ensemble de l’écosystème, chacun examinant la meilleure façon de desservir l’Europe centrale et orientale. C’est une tendance que nous suivons de très près…»

Varsovie a attiré des investissements considérables de la part de sociétés internationales, comme en témoigne la décision de Microsoft d’investir plus d’un milliard USD dans les infrastructures locales, la formation et les services en cloud pour les entreprises et le gouvernement. L’opérateur américain Vantage, prévoit d’entrer sur le marché en 2021 avec la première phase d’un campus qui s’étendra sur 64 MW à pleine capacité, soit le double de la taille actuelle du marché. 

Aujourd’hui, la Pologne a toutes les cartes en main pour réussir : des infrastructures modernes, un réseau électrique solide et une main d’oeuvre de plus en plus qualifiée. Les investissements y sont de plus en plus importants.

Zurich, dans une Suisse chère

Francfort, aussi, commence à saturer. Et si Francfort reste le centre financier et informatique de l’Allemagne, Berlin fait preuve d’attractivité, avec la création de grands campus. Deux projets d’envergure, en particulier, permettraient à la capitale allemande de se positionner sur un marché de près de 200 MW…

Les arguments changent. Dublin, par exemple, attire en mettant en avant ses terrains, une bonne qualité de construction… et une fiscalité irlandaise avantageuse. A l’opposé, on serait tenté de désigner la Suisse, un pays cher. Sauf qu’elle accueille une industrie financière forte et un secteur pharma puissant. Ainsi, Zurich qui est parvenu à attirer tant des opérateurs mondiaux, des acteurs paneuropéens et des entreprises locales. Google Cloud et Microsoft Azure ont tous deux des implantations locales. Et Equinix a récemment lancé une Azure Express Route pour un accès plus rapide à ses installations suisses. Les entreprises de logiciels cloud ont également trouvé Zurich attrayante, avec l’entrée récente d’Oracle Cloud pour soutenir à la fois leur Smart Innovation Lab local et les plans de développement informatique continu de clients régionaux.

L’exemple du nord

«Les besoins considérables en énergie des sites sur lesquels sont implantés les data centres entraînent des investissements et des développements importants sur des marchés qui peuvent tirer parti de sources d’énergie vertes, fiables et peu onéreuses comme l’hydroélectricité, à l’exemple des pays nordiques qui bénéficient également de la proximité de centres d’affaires prospères, ce qui suscite un intérêt considérable». De là, l’intérêt des GAFAM. Ainsi à Stockholm. Ou Oslo.

Les opérateurs de data centres et leurs clients ayant pour objectif de devenir plus écologiques, l’énergie hydroélectrique à bas prix proposée dans toute la Norvège et à Oslo en particulier, a permis de rendre la région plus attrayante pour les déploiements de grande envergure. Le gouvernement norvégien a contribué à ce développement, en instituant un ensemble d’incitations fiscales en matière d’énergie et d’acquisition afin d’attirer les hyperscalers à Oslo et dans sa région La connectivité au reste de l’Europe sera encore plus rapide d’ici fin 2020, avec la mise en service du nouveau câble Skagenfibre de 170 kilomètres qui reliera Hirtshals au Danemark à Larvik et Oslo en Norvège. 

Les câbles marseillais

Au sud, Milan et Marseille font l’actualité. Une belle ouverture vers le marché méditerranéen. Bien qu’actuellement dotée d’une des plus petite capacité opérationnelle (39 MW), le ville phocéenne pourrait rapidement compter dans le paysage des data centers en Europe grâce aux nombreux câbles sous-marins qui la relient aux marchés émergents du Moyen-Orient et de l’Afrique. Pas moins de dix câbles se connectent actuellement à Marseille et ses environs du sud de la France, avec l’arrivée du câble PEACE en 2021 et le câble 2Africa en 2023, tous deux dotés d’une large connectivité dans toute l’Afrique. Interxion est le leader actuel du marché de la colocation, avec la première phase de leur troisième datacenter local qui vient de s’achever et deux autres phases sont à venir. La société a également récemment annoncé l’entrée de Megaport à Marseille, coïncidant avec un déploiement sur l’ensemble du pays. Microsoft Azure est le premier des grands fournisseurs de services cloud présents sur le territoire via leur région France Sud.

Belgique divisée, Luxembourg au taquet

Sur cette carte géostratégique, Matthieu Gallego, positionne les marchés belge et luxembourgeois en pointillé. En Belgique, le marché est divisé régionalement : saturé au nord, encore ouvert au sud. La présence de Google à Mons est unique. Mais pour le représentant de Turner & Townsend on ne sent pas une grande dynamique, une véritable ambition. Il en va différemment au Luxembourg, où le gouvernement montre toute sa détermination pour accueillir Google. Luxembourg au taquet.

 

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