Seconde étude socio-économique sur le secteur de la cybersécurité en Belgique

Le secteur belge de la cybersécurité a connu un sprint sans précédent ces dernières années. Mais pour continuer à croître, il lui faut trouver 4.000 talents de plus. Agoria demande des mesures de soutien aux PME.

De 1,58 milliard EUR en 2021 à 2,61 milliards EUR en 2024, soit un bond du chiffre d’affaires de 65 %. La valeur ajoutée a également augmenté de plus de 50 %, à 915 millions EUR. Le secteur, qui regroupe 732 entreprises et organisations, semble également créer de nombreux emplois en même temps. Le nombre d’emplois à temps plein a grimpé de 52 % en trois ans pour atteindre 9 750 en 2024.

Telles sont les premières conclusions de la seconde étude socio-économique sur le secteur de la cybersécurité en Belgique réalisée par Agoria, en collaboration avec la Solvay Business School, le ministère de la Défense et les membres et partenaires du CMiB (Cyber Made in Belgium). Le rapport, établi sur base d’une enquête auprès des professionnels de la cybersécurité en Belgique effectuée durant le printemps et l’été 2025, permet notamment de comparer l’évolution du marché de la cybersécurité depuis la première étude publiée en 2022.

Le taux de croissance restera élevé dans les années à venir. Agoria escompte une croissance annuelle de 15,9 % an. Soit un doublement du chiffre d’affaires entre 2025 et 2030. Qui plus est, le secteur exporte. Pas moins de 22,1 % des services de cybersécurité sont fournis à l’étranger !

La guerre des talents, un défi persistant

L’inconvénient de cette forte croissance : la pénurie de talents reste aiguë. Avec un taux d’inoccupation de 12,4 % et 4 000 postes vacants pour des experts en cybersécurité en Belgique qui ne peuvent pas être pourvus, le secteur continue de faire face à une pénurie structurelle. Pour mettre cela en perspective : le taux de vacance cyber est beaucoup plus élevé que dans le reste du secteur informatique (5,3 %) ou dans l’ensemble de l’économie belge (3,9 %).

Et ce, malgré le nombre de programmes qui ont fortement augmenté ces dernières années en Flandre (20), en Wallonie (19) et à Bruxelles (11) auxquelles s’ajoutent plus de 40 programmes dans l’enseignement régulier et non-régulier.

Malheureusement, regrette Saskia Van Uffelen, Manager Future Workforce, Agoria, les quelques centaines de diplômés par an ne suffisent pas à combler l’écart. « Nous avons besoin de toute urgence d’une plus grande coopération avec les collèges, les universités et les autres établissements d’enseignement. Les connaissances en matière de cybersécurité doivent être intégrées dans la formation beaucoup plus tôt, et pas seulement dans la formation numérique. »

Les entreprises encore trop vulnérables

Fait remarquable, de nombreuses PME souffrent encore de ce que le secteur appelle la « cyber-pauvreté ». Elles investissent trop peu dans la sécurité et restent donc vulnérables. Cependant, investir dans la cybersécurité n’est pas un luxe inutile, puisque le nombre d’attaques a augmenté de 165 % en 2025, pour atteindre une moyenne de 275 par jour (Checkpoint, 2025). En 2024, pas moins d’une entreprise belge sur quatre sera touchée, selon une analyse de Proximus.

En attendant, le secteur ne reste pas immobile. Par exemple, Agoria et son business groupe cyber (Cyber Made in Belgium – CMiB) ont développé plusieurs initiatives gratuites pour soutenir les PME, telles que Cyberstart.be en collaboration avec VLAIO et walhub, Cyberboost (14 heures de formation cyber en ligne) et récemment le ‘Cyber Risk Scan’ qui aide les entreprises à découvrir où se situent leurs vulnérabilités.

Une politique de cybersécurité à tous les niveaux

Agoria demande l’aide de tous les décideurs politiques : des mesures de soutien ciblées pour les PME, davantage de partenariats public-privé et des investissements supplémentaires dans la formation cybernétique. Les écoles doivent également accorder plus d’attention à la cybersécurité… et plus tôt.

« Certes, il y a plus de formations, de bien meilleure qualité qu’il y a cinq ans. N’empêche : ce n’est toujours pas suffisant », estime Eric Van Cangh, Cyber Made in Belgium Leader, Agoria. La menace ne cesse d’augmenter. La récente attaque à Brussels Airport l’an encore montré. « Les entreprises, grandes et petites, mais aussi les citoyens doivent avoir un réflexe beaucoup plus grand pour faire de la cybersécurité une priorité. Cela commence par une bonne ‘cyberhygiène’, mais l’ambition devrait en réalité être beaucoup plus élevée ! »