Spécialiste du Corporate Venturing, Novable crée des rendez-vous entre startups et grandes entreprises
Dans sa base de données, Novable, « le Tinder de l’innovation », compte plus de 5.000.000 de startups ainsi que des recherches scientifiques et les brevets. Si la technologie permet d’établir plus efficacement des liens, ça ne suffit pas, explique Yves Colinet, Business Devlopment Consultant. Le succès tient au juste équilibre entre IA et humain.
Le besoin des grandes entreprises de s’appuyer sur l’agilité et les capacités d’innovation des startups n’a jamais été aussi grand. Tant mieux, c’est précisément la vocation de l’entreprise bruxelloise. Novable, créée par Laurent Kinet et Olivier Beaujean, propose une technologie de « scouting » de l’innovation basée sur une plate-forme digitale boostée à l’IA générative capable de créer des rendez-vous entre des start-ups et des grandes entreprises.
« Le Corporate Venturing va bien au-delà des simples modèles de partenariat, précise d’emblée Yves Colinet. Il s’agit de l’intégration durable des start-ups dans les écosystèmes d’entreprise. » Cet objectif est crucial dans un marché globalisé et en constante évolution, où les entreprises doivent garder une longueur d’avance en adoptant des solutions innovantes plus rapidement que jamais.
Des mondes différents
Après quatre ans d’activité, la plate-forme Novable a identité et qualifié 5 millions de startups. C’est le premier pilier de l’entreprise -son pilier technologique. Le second est dédié à la prise de briefings des clients, à la façon de répondre précisément à leurs attentes. Ici, ce peut être une société en croissance qui veut prendre des parts dans des sociétés spécialisées dans un domaine précis. Là, une organisation qui cherche une start-up qui combine deux technologies qui lui permettraient de résoudre un problème précis. Là encore, une entreprise qui souhaite faire le tour du marché, en quête de plusieurs opportunités. C’est le cas, par exemple, du Club Atletico de Madrid en quête de solutions innovantes d’accessibilités et de mobilité… ou de grands groupes tels que Airbus, Framatome, Procter & Gamble pour ne citer qu’eux.
« Le processus associe IA générative et expertise humaine pour aider les entreprises à exploiter un vivier mondial de start-ups en phase avec leurs besoins stratégiques et leurs enjeux d’innovation, développe Yves Colinet. Si la technologie permet d’établir des liens, le rendez-vous ne se fait pas pour autant. Start-ups et grandes entreprises vivent dans des mondes différents. Et il s’agit d’en tenir compte… »
Convaincre une grande entreprise, c’est le Saint Graal pour toute start-up avec, en ligne de mire, la promesse d’un gros contrat. Seulement voilà, elles s’y prennent souvent très mal. « L’erreur classique des start-ups est de vendre une innovation, voire un produit dont elles sont fières, sans pour autant identifier le problème de la grande entreprise… et donc sans réellement apporter une solution ! »
Différence de culture et de temporalité
Qui plus est, la différence de tailles et de poids sur le marché rend la relation asymétrique et donne un pouvoir de négociation plus important en faveur de la grande entreprise.
De même, la différence de culture peut être un frein dans la relation. Sans compter un rapport au temps souvent divergent. Ses objectifs de croissance et son environnement innovant imposent à la start-up un certain rythme et agilité pour avancer. La start-up est dans la réactivité et l’immédiateté, tandis que la grande entreprise a des process parfois lourds et complexes.
Corolaire de la divergence de rapport au temps, les objectifs financiers sont souvent différents. La start-up est dans un souci permanent de gestion de trésorerie tandis que le grand groupe vise la rentabilité à plus long terme.
Et puis, relève encore Yves Colinet, le contexte a changé. « Le temps n’est plus aux levées de fonds, mais à la rentabilité. Et pour être rentables, les start-ups n’ont d’autre issue que de faire du business avec les grandes entreprises. De là, tout l’intérêt de Novable ! »
La différence par l’humain
La technologie, même si elle est importante, ne peut tout. L’IA, ici, automatise essentiellement ce qu’un employé junior ferait traditionnellement via des recherches sur Google : une automatisation de tâches fondamentalement simple. « Nous ne nous contentons pas de fournir une technologie en mode SaaS et de laisser les utilisateurs la découvrir par eux-mêmes. Ce ne serait pas efficace. Au contraire, Novable se distingue par sa garantie de résultats, de qualité et de valeur ajoutée. »
Cet engagement correspond à la promesse de Novable : « Si une solution existe, nous la trouverons, même si elle provient de secteurs inattendus. » Cette capacité de découverte fortuite est un défi que l’IA seule peine à maîtriser. « Lorsque nous travaillons avec des secteurs critiques comme le nucléaire, l’énergie et l’industrie manufacturière, les clients exigent naturellement cette double approche, où l’expertise humaine et les capacités des machines garantissent les normes de qualité requises par ces secteurs. »
Aider les entreprises à formuler les demandes les plus pertinentes
Chez Novable, toutes les campagnes de veille technologique commencent par un briefing rédigé avec un des experts du réseau, qui contient inévitablement des idées préconçues. « Par nature, le briefing est biaisé, que ce soit par des idées préconçues ou des croyances, émanant soit de l’individu lui-même, soit des entreprises qu’il représente », explique encore Yves Colinet.
Les biais peuvent être corrigés par la technologie DeepMatching propre à Novable. Si le briefing est automatiquement corrigé, une étape de validation humaine suit néanmoins. « Il s’agit de combiner expertise et technologie pour éliminer les biais indésirables », complète Yves Colinet, tout en soulignant que certains biais peuvent être intentionnellement inclus dans le briefing comme paramètres de recherche légitimes.
Novable -présent à Paris au salon Vivatech du 11 au 14 juin prochain-considère que son rôle est d’aider les grandes entreprises à formuler les demandes les plus pertinentes. L’humain, donc. « Nous ne sommes pas des experts industriels à proprement parler, mais des experts des start-ups et de l’innovation. Nous contribuons à la compréhension de l’écosystème des start-ups par les entreprises. Et c’est beaucoup ! »