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Travail hybride, la fracture du genre

Avr 27, 2023 | Workplace | 0 commentaires

La perception du travail hybride fluctue en fonction du genre. Pour la première fois, une étude s’intéresse à la question.

Pour les hommes, le premier avantage du travail hybride tient à la réduction des temps de déplacement. Pour les femmes, c’est l’équilibre entre vie professionnelle et vie de famille qui l’emporte… 

Que l’on soir pour ou contre le travail hybride, les études se suivent, souvent se ressemblent. Quand les avis divergent, c’est en fonction des cultures, donc les zones géographiques. Dans son étude Everywhere Workplace, Ivanti s’est intéressé aux genres.  Autre démarche, autres enseignements.

Les hommes mettent en avant le gain de temps en raison de la réduction des déplacements (43 %), puis la flexibilité des horaires de travail (42 %). Chez les femmes (professionnelles dans l’IT), le meilleur équilibre entre vie pro et vie perso l’emporte (42 %), suivi du gain de temps sur les déplacements (39 %).

Sont-elles nécessairement pour le travail hybride ? Non. Sur les 10 % de personnes qui ont déclaré avoir rencontré des résultats négatifs, 56 % des répondants sont des femmes. Et parmi les répondants qui ont déclaré avoir perdu des relations personnelles avec des collègues, 52 % sont des femmes…

Equité entre les genres menacée

Meghan M. Biro, Founder & CEO, TalentCulture : “Les entreprises
ont à gérer les attentes de tous les genres en ce qui concerne la façon dont la performance individuelle est évaluée. »

Pourtant, l’Histoire l’a montré, même avant la pandémie, plus de femmes que d’hommes ont milité en faveur de la flexibilité. La sociologue Arlie Russell Hochschild l’explique fort bien dans son livre The Second Shift paru en 1989. Pendant des décennies, de nombreuses femmes ont recherché des modalités de travail flexibles pour pouvoir progresser plus facilement dans leur carrière tout en s’occupant des enfants et de la maison, souvent en vain. Alors que le monde passe d’un travail entièrement à distance à un travail hybride, on peut se demander si l’équité entre les genres n’est pas aujourd’hui menacée quand les hommes retournent au bureau et que les femmes continuent de travailler à domicile.

Être physiquement au bureau peut donner lieu à une plus grande proximité avec la direction, des projets plus intéressants, des opportunités de réseautage informelles et un accès plus rapide à la technologie. Ivanti le confirme : les femmes risquent de perdre beaucoup plus que les hommes si elles travaillent en grande partie à domicile. Récemment, une enquête de Catalyst révélait que 45 % des femmes estiment qu’il est difficile pour les femmes de s’exprimer lors de réunions virtuelles. Une femme sur cinq déclare avoir été négligée ou ignorée par ses collègues lors d’appels vidéo.

Renoncement ? Résignation ?

Si les hommes tiennent davantage au bureau, c’est pour être plus proches des sphères de décision. Comparativement, ils auraient le plus « souffert » des conséquences de la pandémie. Dix pour cent des hommes interrogés déclarent qu’ils n’ont pas pu passer autant de temps avec leurs hauts dirigeants ; 9 % estiment avoir été ignorés pour une promotion. En comparaison, seulement 6 % des femmes estiment avoir été ignorées pour une promotion…

Renoncement ? Résignation ? C’est ce que laisse comprendre l’étude d’Ivanti… Et s’il s’agissait, plutôt, d’une question de priorités ? C’est sur elles que repose la famille. Elles sont trois fois plus susceptibles de soigner les enfants. La garde des enfants, c’est elles (58 %). La scolarité, aussi.  

« Les femmes ont toujours été confrontées à un manque de mobilité ascendante et à l’inégalité des rémunérations. De même, elles sont souvent les premières victimes de suppressions de postes. Aujourd’hui, il est intéressant de voir que certains hommes dire vivre la même chose, déclare Meghan M. Biro, Founder & CEO, TalentCulture. Les entreprises ont à répondre de ces préoccupations à tous niveaux, en particulier gérer les attentes de tous les genres en ce qui concerne la façon dont la performance individuelle est évaluée. »

In fine, Ivanti reconnait que les femmes en IT ont eu le plus de mal à s’adapter au travail à distance. En effet, 70 % estiment en avoir subi les effets négatifs, contre seulement 30 % des hommes. Deloitte, qui s’est aussi intéressé à la question, a constaté que seulement 38 % des femmes de la tech estiment avoir été suivies et encouragées par leur entreprise durant la pandémie. La fracture des genres et une réalité.