Ambitieuses, les scale-ups belges manquent le plus souvent de maturité organisationnelle
Nos scale-ups ont de solides produits, mais souffrent d’une faiblesse structurelle organisationnelle qui freine leur évolution. Bien que 37 % des jeunes entreprises visent une croissance rapide, elles obtiennent en moyenne 17 points de moins que les PME en matière de maturité organisationnelle.
« Nombreuses sont les scale-ups à investir continuellement dans l’amélioration de leurs produits, mais leur croissance s’arrête dès que la complexité augmente et que le succès n’est plus reproductible. L’expansion durable ne nécessite pas de produits encore meilleurs, mais des organisations prêtes à vraiment évoluer », assure Sam Sluismans, National Leader of Deloitte’s Technology Fast 500 programme.
La dixième édition du Rising Star Monitor -étude annuelle menée par Deloitte Belgium en collaboration avec le Vlerick Scale-Up Centre- retrace une fois de plus la performance des scale-ups belges sur des capacités de croissance cruciales telles que la gouvernance, la finance, les ventes, les talents, la digitalisation et l’IA. Cette année, 183 scale-ups avec un âge moyen de 3,4 ans, sont passées sous la loupe. Et là où ça coince, c’est en termes de gouvernance, gestion des talents, planification financière et évolution des ventes et des opérations. Il y a du retard. Ce qui laisse beaucoup de potentiel inexploité…
Le « piège du produit »
Le Rising Star Monitor est sans concession. Les scores moyens pour les capacités de croissance critiques restent faibles, la gouvernance n’atteignant que 43 % chez les entreprises ambitieuses, la gestion des talents atteignant 50 % chez les entreprises ambitieuses, la reproductibilité des ventes à 38 %, et la scalabilité opérationnelle restant à 51 %
Globalement, si nos scale-ups surveillent bien leurs finances, elles obtiennent des scores nettement inférieurs en prévision, ce qui limite leur capacité à planifier des investissements et des embauches en temps voulu.
L’étude montre que l’évolution des ventes et des opérations reste faible, avec une standardisation et une automatisation limitée, rendant la croissance difficile à reproduire. Le « piège du produit », où l’innovation produit n’est pas suivie de la croissance organisationnelle, est une réalité.
Maturité financière : de réactive à proactive
Bien que les jeunes scale-ups surveillent bien leur trésorerie, leur maturité financière reste souvent réactive. La planification et la prévision financières proactives sont particulièrement faibles, rendant les entreprises moins capables de justifier leurs choix stratégiques ou de préparer des investissements en temps opportun. La différence entre les scale-ups avec et sans investisseurs externes est frappante : les entreprises bénéficiant de capital externe obtiennent un score de 72 % sur les prévisions, contre 57 % pour les scale-ups qui financent de manière totalement autonome. Cela souligne l’importance de la responsabilité externe pour la discipline financière.
« La discipline financière est l’épine dorsale d’une croissance durable, insiste Sam Sluismans. Les scaleups qui investissent dans une planification financière tournée vers l’avenir renforcent leur influence pour saisir les opportunités et gérer les risques. »




