Un basculement qui, s’il est confirmé, marquerait un changement majeur

Selon Euractiv, la Commission européenne serait  en « négociations avancées » pour transférer ses services cloud – au moins une partie d’entre eux – de Microsoft Azure à OVHcloud

Trois sources internes de haut niveau ayant une connaissance interne du dossier et interrogées par Euractiv sous couvert d’anonymat confirment l’information sans toutefois pouvoir préciser à cette heure le périmètre du projet. Si le nom d’OVHcloud s’impose jusqu’ici, les solutions d’autres fournisseurs de cloud européens – dont celles de l’italien Aruba, de l’allemand Ionos et du français Scaleway – sont toujours à l’étude.

De toute évidence, la démarche s’inscrit dans un mouvement de fond qui voit le secteur public européen renforcer ses exigences en matière d’indépendance numérique, pour améliorer son contrôle sur les infrastructures numériques et limiter les risques découlant des législations extraterritoriales américaines.

Couac à l’ICC

Ce changement d’infrastructure serait aussi motivé par une volonté de souveraineté numérique. Euractiv rappelle notamment les inquiétudes soulevées par un décret américain ayant entraîné la fermeture des services Microsoft pour un employé d’une institution européenne…

L’affaire est récente. Le 15 mai dernier, Microsoft suspendait la messagerie et d’autres services utilisés par le bureau du procureur de l’ICC (International Criminal Court) de La Haye, Karim Khan. La coupure se conformait aux sanctions imposées par Washington à l’encontre du personnel de l’ICC… après la décision de la Cour d’ouvrir des enquêtes sur de hauts dignitaires israéliens.

Qui plus est, le choix d’un prestataire européen garantirait aux institutions européennes un meilleur contrôle de leurs infrastructures et données numériques. Ce qui est une idée défendue par l’initiative EuroStack, ce groupement d’industriels européens appelant à bâtir un écosystème numérique complet en Europe.

Commission européenne, un précédent 

Notons aussi que le contexte opérationnel a changé. Pour la première fois, les deux principaux départements numériques de la Commission – la DG CNECT, qui élabore et met en œuvre les politiques numériques, et la DG DIGIT, le département informatique – sont placés sous la supervision d’une seule commissaire, Henna Virkkunen, dotée d’un portefeuille de souveraineté technologique.

Microsoft – qui tente de rassurer ses clients européens depuis quelques semaines – va-t-il tout perdre à la Commission européenne ? Officiellement, c’est « no comment. »

On sait toutefois que l’institution devrait créer un précédent pour les administrations publiques nationales en orientant les fonds des marchés publics vers des fournisseurs de cloud locaux…