La frontière entre CTO et CIO s’estompe, une fonction hybride va s’imposer

CTO et CIO : faute de budget ou par manque de maturité organisationnelle, il n’est pas toujours possible d’avoir deux postes distincts. « La fonction hybride s’impose alors comme une solution pragmatique », estime Jan Vandenbussche, Regional Director, Robert Half. 

Il y a moins de dix ans, les responsables IT étaient avant tout garants de stabilité et d’efficacité. À l’heure actuelle, ils sont devenus des visionnaires qui pilotent des projets de transformation numérique, intègrent l’intelligence artificielle, évaluent les risques et prennent des décisions technologiques à portée éthique. Leur rôle dans les conseils d’administration s’en trouve considérablement renforcé.

« La maîtrise technologique devient incontournable au sein de la C-Suite pour rester compétitif au plus haut niveau, affirme Jan Vandenbussche. Avec l’émergence rapide de nouvelles technologies, il est essentiel pour les CIO et CTO de combiner compétences techniques, vision stratégique et qualités de leadership. Or, cette combinaison est de plus en plus rare. 58 % des dirigeants européens se disent préoccupés par la difficulté à trouver les leaders numériques suffisamment qualifiés au cours de la prochaine décennie ! » Telle est la principale conclusion qui ressort de l’étude récemment publiée « Towards the C-Suite 2035 » par le spécialiste du recrutement Robert Half.

Une fonction hybride comme piste de solution ?

Une solution possible à ce défi ? Créer un poste hybride, combinant le rôle du CIO (centré sur les systèmes internes) et celui du CTO (axé sur l’innovation technologique).

« Cette fusion s’observe déjà dans les petites structures ou dans les entreprises à forte croissance, comme les start-ups, explique Jan Vandenbussche. Faute de budget ou par manque de maturité organisationnelle, il n’est pas toujours possible d’avoir deux postes distincts. La fonction hybride s’impose alors comme une solution pragmatique. Pour les grandes entreprises, il peut en revanche être judicieux de créer un poste de CTRO ( Chief Technology Transformation Officer ), chargé d’apporter une vision stratégique à la direction. »

En effet, le CTRO a pour mission d’identifier de nouvelles opportunités, de concevoir et de mettre en œuvre des stratégies, et de faciliter l’adoption fluide des technologies émergentes. Ce profil séduit également les autres membres de la C-Suite : trois quarts d’entre eux estiment qu’il s’agira de l’un des rôles clés dans les conseils d’administration à l’horizon 2035.

Développer les talents en interne 

La recherche de leaders numériques compétents deviendra l’un des défis stratégiques majeurs des années à venir. Dans un marché du travail tendu, recruter un CIO, CTO ou CTRO alliant expertise technique, leadership et vision d’avenir n’est pas de tout repos. Ces profils doivent aussi être familiers avec des technologies avancées telles que l’informatique quantique, l’intelligence artificielle agentique ou encore la blockchain -tout en étant capables d’en faire un usage éthique. Cela implique, par exemple, une gestion transparente des données et une vigilance active face aux biais dans les systèmes d’IA.

Dans ce contexte, le recrutement externe ne suffira plus. Les entreprises doivent investir dans le développement interne des talents à travers la formation continue, le mentorat et des parcours d’évolution structurés. « Le ’Lifelong learning’ deviendra la solution par défaut pour la formation des leaders technologiques du futur, conclut Jan Vandenbussche. Les entreprises qui investissent aujourd’hui dans leurs talents construisent les CIO, CTO et CTRO de demain – et renforcent dès à présent leur avantage concurrentiel dans un monde numérique. »