Trois lauréats pour le Prix Nobel d’économie, une même vision

Le Prix Nobel d’économie est décerné à Joel Mokyr (79 ans), Philippe Aghion (69 ans) et Peter Howitt (79 ans). Ces deux derniers prônent la « destruction créatrice » !

La récompense est répartie de la façon suivante : une moitié revient à Joel Mokyr « pour avoir identifié les conditions préalables à une croissance durable grâce au progrès technologique » et l’autre moitié est partagée entre Philippe Aghion et Peter Howitt pour leur théorie de la « croissance durable à travers la destruction créatrice ».

Les travaux des lauréats visent à expliquer comment l’innovation technologique stimule la croissance économique dans un monde en perpétuelle mutation. Le concept de « destruction créatrice », popularisé dans ce cadre, désigne le processus par lequel l’apparition d’un produit ou procédé meilleur rend obsolètes des formes antérieures -ce qui mêle innovation (création) et élimination de l’ancien (destruction).

Cantonnés à des avancées technologiques moyennes

Selon Philippe Aghion, l’Europe a connu une période de rattrapage par rapport aux États-Unis jusqu’aux années 1980, mais cette dynamique s’est essoufflée. L’écart se serait accentué récemment, faute d’innovations technologiques majeures, et en raison d’un manque de politiques ou d’institutions adaptées.

« La raison principale de notre retard sur les Etats-Unis et la Chine en matière de technologies est que nous n’avons pas réussi à mettre en oeuvre des innovations technologiques majeures. Nous sommes restés cantonnés à des avancées technologiques moyennes, ce qui correspond tout à fait à ce qu’explique le rapport Draghi car nous ne disposons pas des politiques et des institutions adéquates pour innover dans le domaine des hautes technologies. »

Bref, le concept de « destruction créatrice » nous a échappé.

Un possible déclin irrémédiable

« In fine, l’idée est de dire que la croissance, au long terme, c’est l’innovation. Et pas l’accumulation de capital, qui au bout d’un moment s’essouffle », avait déjà expliqué l’économiste français lors d’un entretien avec l’AFP en 2019, citant l’effet drastique qu’a eu l’invention de la machine à vapeur sur la croissance à partir du XVIIIe siècle.

L’Europe doit de toute urgence créer les conditions nécessaires à l’émergence de nouveaux innovateurs prometteurs, s’accordent à reconnaitre les lauréats. En l’absence de changement dans sa doctrine économique, où la réglementation l’emporte largement sur l’investissement, l’Europe risque de connaître un déclin irrémédiable.

Certes, le rapport Draghi montre la voie à suivre pour sortir de cette spirale de la mort économique. Mais il faut d’abord que son message sur la gouvernance soit pleinement assimilé.