Le lobby du cloud met en garde l’Union européenne : « Restez stricts sur la réglementation relative à l’eau… et nous disparaîtrons ! »

Le CISPE (Cloud Infrastructure Providers in Europe) appelle à l’harmonisation et aux investissements pour une résilience efficace de l’eau. Pas question de laisser la Commission européenne imposer de nouvelles réglementations qui seraient autant de restrictions.

Le secteur est déjà confronté à des coûts énergétiques élevés, à un accès inégal au marché de l’électricité et à des exigences réglementaires complexes. Imposer de nouvelles réglementations autonomes sur l’eau pourrait augmenter les coûts, engendrer une fragmentation réglementaire et décourager les investissements.

« La résilience de l’eau est un enjeu urgent que la Commission européenne devrait prendre en compte, estime Velimira Bakalova, EU Policy Manager – Sustainability, CISPE. Elle devrait également reconnaître non seulement le travail considérable accompli par le secteur, mais aussi son leadership dans ce domaine et son potentiel à proposer et à soutenir des solutions innovantes qui amélioreront considérablement la gestion de l’eau au bénéfice de tous. »

Le risque serait de déplacer les infrastructures hors de l’Union européenne

La pénurie d’eau devient rapidement un défi urgent. En tant qu’opérateurs d’infrastructures cloud et de centres de données, les membres du CISPE estiment pouvoir jouer un rôle majeur en tant qu’utilisateurs d’eau « responsables » et en tant qu’acteurs innovants d’une meilleure gestion de l’eau. « Le risque serait de déplacer les infrastructures hors de l’UE, ce qui compromettrait les objectifs de durabilité et de souveraineté », soutient le CISPE, qui voit un soupçon de menace.

Grâce à ses membres et à sa co-direction (avec l’EUDCA, l’association européenne des centres de données ) du Pacte pour des centres de données climatiquement neutres, le CISPE a déjà contribué à la création de l’une des méthodologies les plus complètes en matière de résilience hydrique. Le WUE -la mesure de l’efficacité de l’utilisation de l’eau- du Pacte va plus loin que de nombreuses autres mesures existantes et proposées en incluant dans ses calculs le stress hydrique local et les indices de qualité de l’eau. Cela permet d’obtenir un objectif plus précis en situation réelle, désormais adopté par les opérateurs fournissant plus de 85 % de la capacité des centres de données européens. Ceci, combiné aux autres obligations de déclaration prévues par la réglementation existante, comme la directive sur l’efficacité énergétique, signifie que le secteur compte déjà parmi les utilisateurs d’eau les plus responsables.

Quatre pistes d’évolution

Le document d’orientation du CISPE présente quatre autres domaines de recommandations à la Commission.

  • Établir un cadre européen formel pour soutenir la réutilisation/restitution des eaux industrielles, favorisant le traitement et la réutilisation des eaux usées municipales pour des usages industriels non potables, notamment le refroidissement des centres de données.
  • Créer un cadre européen pour les partenariats public-privé (PPP) spécifiquement dédiés à la modernisation des infrastructures hydrauliques, avec des mécanismes de financement durables associant l’innovation et les capitaux du secteur privé à la supervision du secteur public.
  • Élaborer un cadre politique pour des solutions de gestion de l’eau sécurisées et interopérables basées sur le cloud, et promouvoir le déploiement de jumeaux numériques et de capteurs numériques dans les réseaux d’eau.
  • Éviter les doublons réglementaires en s’alignant sur les cadres européens existants. Adopter une approche intersectorielle et globale de la politique de l’eau, évitant de cibler des secteurs spécifiques.