Data Center
Infrastructure, Servers, Network, Storage
Beltug prend le dossier VMware en main

Affaire VMware, suite. Beltug adresse un courrier Ă la Commission europĂ©enne. Pour l’association belge, « le mĂ©pris et la brutalitĂ© de Broadcom envers ses clients sont sans prĂ©cĂ©dent dans l’histoire rĂ©cente de l’Ă©conomie numĂ©rique en Europe. »
Affaire VMware, suite. Après le CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe), voici dix jours, c’est au tour de Beltug et ses consoeurs Cigref en France, CIO Platform Nederland aux Pays-Bas et Voice en Allemagne, de condamner fermement le comportement de Broadcom au sein de l’Union europĂ©enne.
Suite Ă l’annonce – en mai 2022 – du projet de rachat de VMware par Broadcom, les quatre associations ont cosignĂ© une lettre Ă Margrete Vestager. Cette lettre mettait en garde contre les consĂ©quences de la fusion Ă venir. Ces prĂ©occupations ont dĂ©sormais Ă©tĂ© prises en compte. Leur impact sur les membres des quatre associations est considĂ©rable.
« Nous observons que le comportement de Broadcom semble contraire aux principes de concurrence loyale et pourrait ĂŞtre rĂ©vĂ©lateur d’une exploitation abusive. Cette conduite n’est possible qu’en raison de l’enfermement des clients et de la forte dĂ©pendance des utilisateurs professionnels qui ont acquis et mis en Ĺ“uvre des produits VMware dans leurs opĂ©rations passĂ©es. »
VMware, des prix en forte hausse, mais pas seulement…
Depuis son rachat de VMware, Broadcom a confrontĂ© ses clients Ă des changements soudains de politique et de pratiques entraĂ®nant des prix en forte hausse, le non-respect des accords contractuels antĂ©rieurs, l’interdiction de la revente de licences, le refus de maintenir des conditions de sĂ©curitĂ© pour les licences perpĂ©tuelles, mais aussi le (re)groupage des licences, entraĂ®nant des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s… et un bouleversement de l’Ă©cosystème des revendeurs et partenaires VMware
« Nous appelons la Commission europĂ©enne Ă prendre les mesures nĂ©cessaires pour mettre fin Ă ce dĂ©sordre sur le marchĂ© de la virtualisation, insiste Beltug et ses consoeurs. La Commission europĂ©enne devrait protĂ©ger les utilisateurs professionnels europĂ©ens de VMware contre ce type de comportement… qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© prĂ©vu dans nos soumissions Ă l’enquĂŞte. »
CIO Platform Nederland, l’une des quatre associations, avait Ă©tĂ© claire dans ses Ă©changes. « Nos membres craignent avant tout une forte augmentation des prix qui leur serait imposĂ©e par de nouveaux modèles tarifaires (par exemple en Ă©changeant un modèle de licence Ă usage perpĂ©tuel contre un modèle d’abonnement), ou une dĂ©tĂ©rioration des conditions contractuelles, que Broadcom pourrait imposer en raison de la dĂ©pendance de nos membres Ă l’Ă©gard de VMware. Cela s’est produit par exemple après le rachat de Symantec par Broadcom… »
L’approche de Broadcom ne peut pas devenir un précédent
Dans des lettres et conversations prĂ©cĂ©dentes avec la Commission, les quatre associations avaient Ă©galement prĂ©sentĂ© 11 principes Ă©quitables pour libĂ©rer le potentiel numĂ©rique de l’Europe.
« Malheureusement, nous voyons aujourd’hui un exemple concret du pouvoir des grands fournisseurs – et de la manière dont ils vont l’utiliser. Nous appelons la Commission Ă agir pour mettre fin Ă de tels comportements contraires Ă l’Ă©thique. Il est absolument nĂ©cessaire de retarder les changements drastiques imposĂ©s unilatĂ©ralement par Broadcom. En outre, des mesures Ă©nergiques sont nĂ©cessaires pour garantir que d’autres fournisseurs ne suivront pas l’exemple inacceptable de Broadcom. L’approche de Broadcom ne peut pas devenir un prĂ©cĂ©dent. »
Les logiciels cloud étant insuffisamment couverts par le DMA, les clients et les entreprises européennes lésés par ces pratiques déloyales dépendent des affaires anticoncurrentielles pour obtenir tout type de réparation, note encore Beltug. « Il est essentiel de considérer que, pour un utilisateur professionnel, poursuivre en justice un fournisseur dont votre organisation est extrêmement dépendante n’est pas une démarche souhaitée, par crainte de représailles. »
Protéger l’avenir numérique
La Commission devrait donc prendre des mesures définitives contre les géants du logiciel qui enferment leurs clients par un comportement déloyal. Pour rappel, VMware joue un rôle important sur le marché du cloud privé, les alternatives pour les utilisateurs professionnels se trouveront dans le cloud public. « Cela renforcera encore la position et le pouvoir des hyperscalers, ce qui aura un impact profond sur l’ensemble du marché. Nous sommes convaincus qu’une action ou une communication de la Commission contre le comportement de Broadcom est nécessaire pour protéger l’avenir numérique de l’Europe. »
Aujourd’hui, les quatre associations appellent la Commission europĂ©enne a non seulement donner son point de vue sur la situation, mais Ă©galement Ă prĂ©ciser quelles sont les pistes d’action qui s’offrent Ă elle, aux associations ou aux organisations concernĂ©es, pour faire face Ă cette situation, et Ă©galement Ă dĂ©courager d’autres fournisseurs comme Broadcom d’agir de manière tout aussi contraire Ă l’éthique Ă l’avenir.
Ne pas réagir serait un signal de faiblesse
« Dans le contexte du rachat de VMware et du changement de stratĂ©gie commerciale, le mĂ©pris et la brutalitĂ© de Broadcom envers ses clients sont sans prĂ©cĂ©dent dans l’histoire rĂ©cente de l’Ă©conomie numĂ©rique en Europe. » Compte tenu de son ampleur et de l’impact de Broadcom, cette affaire ne peut ĂŞtre laissĂ©e aux seuls techniciens du droit de la concurrence. Il s’agit d’une question dont les dimensions Ă©conomiques et politiques doivent ĂŞtre pleinement comprises.
« Si les pouvoirs publics de l’Union europĂ©enne laissent prospĂ©rer Broadcom dans sa volontĂ© de se comporter ainsi, avec tant de mĂ©pris et de brutalitĂ©, ce serait un signal clair de faiblesse que nos institutions enverraient aux autres gĂ©ants du numĂ©rique, un signal que sera, sans aucun doute, clairement entendu, estime encore Beltug et ses consoeurs. Une fois de plus, le comportement de Broadcom ne peut pas devenir un prĂ©cĂ©dent. »