92% des entreprises du secteur automobile estiment qu’elles sont amenées à devenir des entreprises logicielles

L’industrie automobile accélère sa transition vers un avenir centré sur le logiciel, dont la contribution aux revenus du secteur devrait doubler d’ici dix ans, assure Capgemini. Explications de Laurence Noël, Executive Vice-President Global Automotive Industry

Au cours des cinq dernières années, les initiatives en matière de logiciel ont permis une amélioration moyenne de l’efficacité de 14%, avec des bénéfices qui devraient atteindre 24% d’ici 2029. Selon un nouveau rapport du Capgemini Research Institute intitulé ‘The software-driven mobility era: Beyond vehicles‘ , la quasi-totalité des entreprises du secteur estiment qu’elles sont amenées à devenir des entreprises SDV (Software Defined Vehicles) et proposer des services de mobilité pilotée par logiciel. Plus de huit sur dix pensent que les produits et services définis par logiciel, au-delà du véhicule en lui-même, deviendront leur principale proposition de valeur.

Malgré de fortes ambitions, moins de la moitié des entreprises ont réellement déployé leurs initiatives de mobilité pilotée par logiciel en 2025 : 34% ont partiellement déployé au moins un cas d’usage et seulement 14% ont réussi un déploiement à grande échelle. La dissociation entre hardware et software est essentielle pour favoriser l’accélération de l’innovation, améliorer la scalabilité et générer de nouvelles sources de revenus. Pourtant, seuls 10% des constructeurs ont suivi cette voie. Et un peu plus d’un quart expérimentent activement de nouvelles approches.

« Pendant des décennies, le leadership dans l’automobile reposait sur le hardware. Aujourd’hui, les usagers veulent des expériences digitales et connectées. Cela nécessite une approche centrée sur le logiciel à tous les niveaux de la chaîne de valeur pour proposer des solutions globales de mobilité, commente Laurence Noël, Executive Vice-President Global Automotive Industry, Capgemini. Les acteurs les plus visionnaires considèrent déjà le logiciel comme central et s’appuient sur des partenariats stratégiques pour élargir leur écosystème. Mais cette forte ambition exige une profonde transformation organisationnelle. Ceux qui alignent leurs talents, plateformes et partenariats, tout en renforçant la confiance et l’expérience client, garderont une longueur d’avance. »

Constructeurs et hyperscalers, la nouvelle entente

Les entreprises du secteur automobile reconnaissent de plus en plus la valeur de la collaboration élargie, avec près de deux sur cinq qui s’associent à des géants de la tech et à des hyperscalers pour des compétences critiques en matière de logiciel, cloud et données. Bien qu’elles soient peu nombreuses à avoir déjà lancé des coentreprises, un tiers prévoit de le faire dans les trois prochaines années.

Près de 84% d’entre elles explorent les marchés de nouveaux fournisseurs pour améliorer leur résilience, et près de 70% investissent également dans le développement en interne de composants clés afin de conserver la maîtrise des technologies qui définissent leur marque. Les entreprises restructurent également leurs chaînes d’approvisionnement pour renforcer leur résilience face aux enjeux géopolitiques.

Les produits et services de mobilité définis par logiciel devraient également devenir des sources de revenus majeures pour les constructeurs. Leur part dans les revenus globaux de ces derniers est appelée à doubler d’ici 2035, pour dépasser 50%. 

L’IA ouvre une nouvelle ère d’innovation dans l’industrie automobile

Une grande majorité des entreprises du secteur automobile (85%) estiment que l’IA devient une composante essentielle des logiciels automobiles, intégrée directement dans les fonctionnalités pour améliorer l’expérience à bord, renforcer la sécurité et la cybersécurité.

Plus de 77% considèrent l’intégration de l’IA dans le développement logiciel, les fonctions embarquées et les services de mobilité comme un avantage concurrentiel clé qui transformera la chaîne de valeur de l’industrie automobile. « En réduisant les coûts, en augmentant la productivité et en améliorant la qualité des produits, l’IA ouvre la voie à une nouvelle ère d’innovation, poursuit Laurence Noël. La majorité des entreprises interrogées considèrent l’intégration de l’IA dans les systèmes ADAS (Advanced Driver Assistance System) et les capacités de conduite autonome comme des points cruciaux de leur stratégie axée sur les logiciels. »

La mobilité pilotée par logiciel exige une transformation organisationnelle profonde

La plupart des entreprises (86%) estiment que la stratégie de mobilité pilotée par logiciel nécessite une refonte du modèle organisationnel, impliquant des changements majeurs dans les processus et le développement de nouvelles compétences. Outre les changements structurels, elles font face à des défis en matière d’ingénierie logicielle, de conformité, de sécurité, de leadership et de recrutement. « 83% d’entre elles identifient la création d’une plateforme logicielle unifiée comme un élément clé de leur stratégie de mobilité pilotée par logiciel ». Un signe qui ne trompe pas.