« Le raté est inéluctable quand on veut innover »
« Flops ?! » au Musée des Arts et Métiers à Paris. L’idée ? Mettre en lumière des projets mal pensés ou trop en avance sur leur temps. Des échecs cuisants, drôles ou prévisibles, notamment du secteur de la tech.
Échec, raté, bide, fail, fiasco, déconfiture… Le « flop » a de nombreux synonymes. Tant mieux, car il est si fréquent de rater qu’il faut avoir le choix du vocabulaire pour éviter la répétition. On estime que neuf innovations sur dix échouent et les raisons de la galère ne sont pas toujours évidentes ! Alors, pourquoi une invention ne trouve-t-elle pas son chemin ? Quelles formes peut revêtir l’échec ? Quelles leçons peut-on en tirer ?
« Le raté est partout, c’est inéluctable quand on veut créer », assure Marjolaine Schuch, en charge du projet. Dernier flop en date, le casque de réalité mixte à 3500 dollars d’Apple qui n’a pas rencontré son public, l’entreprise à la pomme concentrerait désormais ses efforts sur des lunettes intelligentes… L’exposition revient aussi en détail sur les entreprises en situation de monopole qui n’ont pas anticipé certaines innovations, et se sont fait doubler par leurs concurrents. Comme BlackBerry. Ou Kodak.
Rater, mode d’emploi
Il y a beaucoup à apprendre de cette exposition. « La société valorise l’innovation, tout en entretenant une aversion pour l’échec », constate Michèle Antoine, directrice du musée. Or, rater ne marque jamais la fin, c’est souvent le point de départ de l’innovation.
Le parcours de l’exposition est divisé en quatre parties. La première : Oups ! Soit, à travers sept thématiques, un panorama d’objets et de projets ratés qui illustrent la capacité à manquer la mise en œuvre des inventions, la commercialisation d’objets ou la réussite de projets. Deuxième partie : Raté, mode d’emploi, avec notamment le « Catalogue des objets introuvables » de Jacques Carelman, artiste touche-à-tout et maître du détournement. Troisième partie : les raisons de la galère. Pourquoi ça foire ? Cette partie passe à la loupe les raisons qui ont tout fait capoter : décisions bancales, bugs en série, confusion totale… Enfin, quatrième partie : Mieux rater pour innover. Rater ne marque jamais la fin, mais souvent le point de départ de l’innovation.
L’exposition interroge l’ingénieur, le designer, le commercial, le communiquant, mais aussi l’utilisateur pour décortiquer les mécanismes de l’échec et mieux comprendre ce qui a cloché !
La nécessité d’oser et de rater
Et parce que certains flops se révèlent finalement des tops, l’exposition explore des trajectoires de réussite inattendues : celle d’une bonne idée qui était trop en avance sur son temps, d’une technologie encore immature, ou d’un objet qui a vu son usage détourné…
Bref, loin de se moquer des échecs, « Flops ?! » en propose une lecture bienveillante et met en lumière la nécessité d’oser et de rater, pour enfin innover.
De fait, il y a des flops fertiles, qui sont devenus de véritables tremplins pour des révolutions inattendues. Innover, c’est tâtonner, rebondir, changer de cap…jusqu’à trouver la bonne formule.
Alain de Fooz



 
							 
			 
			 
			 
			
 
			 
			 
			 
			 
			 
			

 
					 
		 
		 
		 
		 
		