« Oui… peut-être… non… tout cela à la fois », répond Brian Hopkins, VP of Emerging Technology, Forrester

Selon Forrester, le débat sur l’AGI (Artificial General Intelligence) en tant que sujet de recherche sérieux a lieu au moment même où le marché de l’IA vacille au-dessus d’une bulle, avec un manque de rendement des projets d’IA générative et des résultats décevants pour GPT-5.

« Il y a des difficultés, c’est sûr, mais il ne faut pas se montrer dédaigneux, observe Brian Hopkins. Envisageons plutôt l’avenir à long terme : l’IA représente la septième grande vague de changement technologique et l’intelligence artificielle générale représente la progression ultime de ce moteur de disruption ! »

L’AGI est un concept théorique d’IA dotée d’une intelligence comparable à celle d’un humain, capable de comprendre, d’apprendre et de résoudre n’importe quelle tâche intellectuelle, alors que l’intelligence artificielle générative est un type d’IA qui crée du contenu nouveau (texte, image, etc.) en se basant sur des données existantes, à l’inverse des systèmes classiques qui analysent des informations. L’AGI est donc un objectif de recherche futur, tandis que la GenAI est une technologie actuelle focalisée sur la création de contenu.

Une façon plus claire de parler de l’IA générale

« Notre dernier rapport, The Quiet Roar Of Artificial General Intelligence montre clairement que l’IA générale est inévitable. Elle ne se manifestera pas d’un seul coup, mais par une progression de capacités pouvant être suivies, mesurées et anticipées. La question n’est pas de savoir si, mais quand et comment. C’est pourquoi il est important de s’y intéresser. Il est toutefois essentiel de savoir précisément de quoi il s’agit avant tout et de faire le tri pour anticiper la suite. »

Jusqu’à présent, le langage autour de l’IA générale était confus. Hollywood et les experts l’ont confondue avec la superintelligence, tandis que les éditeurs de logiciels s’emploient à « blanchir » leurs produits avec des affirmations exagérées laissant croire que l’IA générale est déjà là. Pendant ce temps, les médias vantent l’inévitable hiver de l’IA. « Rien de tout cela n’aide les dirigeants d’entreprise à prendre des décisions à long terme. Nous définissons l’IA générale selon une perspective pragmatique et fonctionnelle : un logiciel capable d’agir de manière autonome pour atteindre des objectifs dans différents domaines, en acquérant de nouvelles compétences, en collaborant avec les humains et les machines, et en créant des outils logiciels. »

Cette définition axée sur les capacités évite les comparaisons floues avec l’intelligence humaine ou les abstractions économiques. Elle fournit plutôt aux dirigeants des critères observables permettant de suivre la progression de l’IA, notamment sa pertinence dans un contexte d’entreprise.

L’AGI : une tendance, pas une finalité

Ces dernières années, le débat sur l’AGI s’est enlisé dans des questions spéculatives quant au moment où les machines pourraient surpasser les humains. « Ce cadre est inutile, estime Brian Hopkins. Ce qui compte, c’est la progression observable déjà en cours. » Dans son étude, Forrester considère quatre étapes.

° AGI compétente : efficace dans un domaine sous supervision, exécutant des tâches sur plusieurs jours, critiquer son propre travail et affiner les résultats.

° AGI indépendante : opérant dans des domaines connexes avec un minimum de supervision, négociant les priorités et construisant des systèmes à l’échelle d’un service.

° AGI stratégique : gérant des initiatives de longue haleine dans plusieurs domaines, dirigeant des efforts transversaux (par exemple, optimisation de la chaîne d’approvisionnement, R&D), développant de nouvelles connaissances et même créant des entreprises.

° AGI superintelligente : si l’AGI surpasse un jour l’humain dans la plupart des activités intellectuelles, nous ne pouvons prédire son impact et recommandons à nos clients d’éviter de se concentrer sur ce point ; il s’agit de pure spéculation.

Normaliser la conversation sur l’AGI

L’objectif de cette recherche n’est pas seulement la définition, mais la normalisation. En fournissant une définition claire, une progression par étapes avec quelques points d’inflexion clés et des implications commerciales, nous donnons aux dirigeants les outils pour commencer à planifier dès aujourd’hui, peut-on lire dans le rapport de Forrester.

« Ce n’est que le début des travaux de Forrester sur l’AGI. Nous invitons les fournisseurs de technologies, les laboratoires de recherche, les utilisateurs et les chefs d’entreprise à nous rejoindre dans cet effort. Les risques sont réels, conclut Brian Hopkins, mais les avantages le sont tout autant. »