Révéler, capitaliser, répliquer : les nouveaux réflexes de l’innovation
A travers son livre « Corporate Venturing, a framework », Laurent Kinet propose une méthode pas à pas pour aider les entreprises à tirer profit de collaborations innovantes avec des startups. Concret, l’ouvrage suggère 100 façons dont les startups peuvent transformer n’importe quelle organisation et 50 modèles d’engagement.
Souvent encore, un peu vite, on associe les mots « innovation », « épopée » et « licornes ». En 2025, la réalité est toute autre. Dans un contexte marqué par l’instabilité économique, la réduction des investissements et la nécessité de produire des résultats tangibles, l’innovation change de nature. Moins tournée vers l’avenir spéculatif, elle s’ancre dans le présent. Moins flamboyante, elle devient opérationnelle, concrète, efficace. Novable, la plateforme de Corporate Venturing de Laurent Kinet, s’inscrit dans cette évolution : « connecter ceux qui ont des idées à ceux qui ont les moyens. » Un catalyseur d’innovation, donc.
Se présentant comme un « venture builder », Laurent Kinet n’en est pas à sa première expérience. Le CEO de Novable a investi dans des entreprises technologiques, en investissant soit en capital, soit en temps, voire les deux. Ses expériences l’ont mené vers le web design, les médias sociaux, les logiciels sociaux, le digital business, l’édition numérique, la data science/IA, la blockchain, les technologies HR et l’audiovisuel.
Partir du bon pied
Dans son livre « Corporate Venturing, a framework », Laurent Kinet propose d’étudier 100 façons concrètes dont les startups peuvent transformer une grande organisation et 50 modèles d’engagement. « Pour les grandes entreprises et les groupes, collaborer avec des startups est devenu un exercice incontournable. Mais la relation est difficile. Comment, en effet, l’aborder ? Quels modèles d’engagement envisager ? Et, d’abord, par où commencer ? »
Au départ de deux points d’entrée concrets, le livre propose un canevas pour aider les professionnels de l’innovation à déployer le plan directeur de leurs activités d’innovation ouverte. « Je propose une stratégie et des objectifs clairs, des initiatives pertinentes ; ce livre est à la fois un roadbook pragmatique et un tableau de bord de suivi des performances polyvalent. » Soit encore une méthodologie pour partir du bon pied.
Les startups, moteur de l’innovation
Première étape, la plus connue aussi, le scouting. Ou comment repérer des entreprises à fort potentiel de croissance, identifier des produits innovants, des talents et des technologies prometteuses, ainsi que des opportunités de développement à long terme. « Ce n’est qu’une facette du Corporate Venturing, nuance Laurent Kinet. Si, déjà, toutes les entreprises le pratiquaient, ce serait bien… »
A l’autre bout, le M&A (Mergers & Acquisitions) en vue, pour une grande entreprise, d’intégrer la technologie, les talents ou le modèle économique de la startup. Cette approche permet de s’implanter rapidement sur de nouveaux marchés, d’accélérer le cycle de l’innovation et d’éliminer la concurrence, tout en tirant parti de l’agilité et de la rapidité d’exécution d’une petite structure.
Entre les deux, il existe différentes manières d’initier et mener à bien une collaboration, insiste Laurent Kinet. C’est l’objet du livre. « Le temps des ‘idées’ comme critère central de valorisation cède le pas à celui des réalisations. Ce ne sont plus les intentions qui comptent, mais les actions et résultats concrets. On peut donc apprendre à se connaitre sur un projet initial, aller chercher les compétences de part et d’autre. Je crois beaucoup au principe de porosité. »
L’échec, une opportunité
Réussir dans le Corporate Venturing implique d’adopter une approche « test-and-learn », où l’échec est perçu comme une opportunité d’apprentissage plutôt que comme un obstacle. « Avant de se lancer dans le Corporate Venturing, les entreprises doivent s’assurer qu’elles disposent d’une vision claire, d’une gouvernance solide, d’un portefeuille d’innovations équilibré et d’une culture propice à l’expérimentation. C’est la clé pour transformer le Corporate Venturing en un moteur durable de croissance et d’innovation. »
Le Corporate Venturing réclame de l’information et, plus encore, du support. Outre son livre et les conférences qu’il organise dans le cadre d’événements publics ou privés, Laurent Kinet passe beaucoup de temps à guider les entreprises dans leur démarche. « Avec mon équipe, nous aidons les entreprises à se doter d’une feuille de route claire, à définir une stratégie et à mettre en place le processus décisionnel adéquat. » Bref, à s’assurer que l’entreprise est prête.
Un investissement stratégique à long terme
L’innovation se cultive. Une erreur fréquente est de miser uniquement sur des projets disruptifs, radicaux donc, qui prennent souvent des années à se concrétiser et présentent un taux d’échec élevé. « Bien que ces idées soient essentielles pour transformer une entreprise, elles n’offrent pas toujours de résultats à court terme, ce qui peut entraîner une perte de confiance dans l’initiative de Corporate Venturing et compliquer l’obtention d’un soutien continu de la direction. »
La solution ? Viser des « quick wins ». Autrement dit, prioriser des initiatives qui résolvent des problèmes concrets et urgents au sein de l’entreprise. Ces projets offrent une valeur immédiate, un impact tangible et des succès rapides, facilitant ainsi l’adhésion des dirigeants et renforçant la crédibilité du Corporate Venturing.
« Considérez le Corporate Venturing comme un investissement stratégique à long terme, et non une expérience ponctuelle », conseille encore Laurent Kinet.
Alain de Fooz