«L’objectif, pour la Belgique et le Luxembourg, était de doubler nos revenus via le cloud; nous les avons triplé ! En même temps, les ventes de solutions on premise ont connu une croissance de 15%… Logiquement, on aurait pu s’attendre à un transfert. Il n’y en a pas eu !»

Outre la performance, le constat de Patrick Van Deven, Managing Director, SAP BeLux, s’inscrit dans la stratégie de SAP: être capable d’offrir une solution cloud, on-premise (sur site) ou hybride sur les vingt-cinq industries sur lesquelles l’éditeur a verticalisé sa solution et sur les onze grands métiers couverts. «Nous voulons être capables de continuer de supporter les business process de nos clients de bout-en-bout, avec des solutions diverses selon les besoins. Pour beaucoup d’entreprises, nous nous apercevons que les environnements mixtes font sens, notamment pour pallier les problématiques de sécurité ou de caractère stratégique de certaines parties de leur système d’information.»

En présentant SAP comme «the cloud company powered by HANA», l’éditeur d’origine allemande vise un objectif plus ambitieux: générer, d’ici à 2020, entre 70% et 75% de ses revenus via le cloud, soit un chiffre d’affaires de 26 à 28 milliards EUR. Tout comme ses clients, SAP se dit en mutation, en transformation.

LA NOTION DE TAILLE S’EFFACE. SAP a toujours connu des clients qui rachetaient des entreprises ou se faisaient racheter… L’impact positif du cloud, c’est que l’on demande cette souplesse même sur le on-premise. C’est un virage que SAP a pris depuis quelques années d’ailleurs. HANA était aligné avec cette stratégie, comme les solutions RDS (Rapid-Deployment Solution)…

Les clients sont de moins en moins dans un mode «sur-mesure». Dans des projets on-premise, ils acceptent plus facilement d’utiliser des «best practices» standard, parce que le cloud l’impose aussi. Ce qui réduit d’autant le temps de mise en œuvre, le coût de possession, la facilité à migrer, la capacité à mettre en œuvre de nouvelles fonctionnalités et, effectivement, à supporter de la croissance organique.

Ce qui s’observe au niveau mondial se vérifie en Belgique et au Luxembourg. Dans tous les secteurs d’activité, et dans les organisations de toutes tailles. La notion de taille s’efface. Qu’elle soit grande ou petite, l’organisation qui a compris ce qu’elle peut tirer du cloud se lancera; il n’y a pas de conditions d’accès !

Certes, nos entreprises sont encore prudentes. On vient au cloud via des applications de type HR, CRM ou Procurement. SAP le constate sur son offre Business ByDesign, dont la croissance repart depuis que le message sur le cloud a été intensifié. Pour les entreprises qui affichent une croissance moindre, qu’elles soient petites ou moyennes, l’évolution vers le cloud se pose dans le cadre de projets de remplacement.

LE CLOUD POUR PLUS D’AGILITE. Mais aussi pour réduire les coûts. SAP en mode cloud avec HANA serait une solution «low cost». Pour l’instant, «pour chaque euro, 90% est dépensé en matériel et services, les IT Managers nous disent que ce n’est pas tenable. Leurs efforts doivent être portés sur l’innovation.»

L’innovation est déjà là avec HANA, présenté comme le standard de fait des bases de données in-memory. HANA est l’élément clef qui différentie SAP de ses concurrents de par ses capacités à la fois transactionnelles et analytiques. «Les entreprises n’ont plus besoin des vieilles bases de données, elles peuvent choisir HANA dans le cloud. Cela va créer un énorme marché pour nous», se félicite Patrick Van Deven -une attaque claire en direction d’Oracle et d’IBM et de leurs bases de données respectives. HANA -qui représentait 25% des ventes en 2014- peut être consommé sur le cloud SAP, loué sur Amazon ou acheté en mode licence. Au choix.

«Si les clients passent aujourd’hui d’Oracle ou DB2 à HANA, c’est qu’ils y trouvent une valeur. Et c’est ce que perçoivent aussi nos partenaires: les entreprises leur disent qu’elles veulent clôturer leurs comptes en une journée ou deux et non plus en une semaine ou deux, qu’elles veulent mesurer le cash-flow à la volée… Or ces exigences ne sont pas compatibles avec une base de données relationnelle !»

Cela dit, le message de S/4 HANA n’est pas un message «cloud first», mais un message centré sur un maximum de choix. SAP va continuer à innover avec un code réécrit, de nouveaux applicatifs pensés pour le in-memory de HANA. Il importe que chaque client puisse choisir le mode de déploiement qui correspond à sa stratégie propre: cloud public, privé, hybride ou implémentation sur site. Ce qui compte avant tout sur S/4 HANA, ce sont ces applicatifs d’un genre nouveau, plus légers, plus simples à configurer, plus aisés à mettre à jour, travaillant avec un set de données beaucoup plus petit…

«Nous pensons que les grandes entreprises vont migrer vers une plate-forme où elle pourront faire tourner leurs applications, disposer d’une vue unique de leurs données, réduire le volume et le coût de la gestion de l’information, prendre des décisions en temps réel ou encore mettre en place des scénarios de déploiement hybride fonctionnant sans coutures. L’époque des datawarehouses et des agrégations de données est révolue dans un monde de plus en plus tourné vers l’analyse prédictive.»

EN MEMOIRE, A LA VOLEE. On parle bien d’une nouvelle solution, d’un nouveau produit. S/4 HANA n’est ni plus ni moins que l’aboutissement de l’ensemble des innovations qui ont été développées depuis quelques années maintenant. On va principalement parler du traitement en mémoire des données dans un espace où l’on réconcilie, où l’on fait cohabiter les données transactionnelles et les vues analytiques et décisionnelles, ce qui va permettre de revoir les processus métiers et la façon de piloter les entreprises, explique encore Patrick Vandeven.

Aujourd’hui, la technologie est là et nous permet d’avoir repensé l’ERP et toute la Business Suite de SAP. On parle de mots-clefs pour la décrire comme la simplification, le temps réel et l’innovation. L’éditeur a été amené à supprimer des tables de modèle dans l’ERP pour répondre à des problématiques de performances -des tables qui venaient pour stocker des agrégats pré-calculés.

Avec SAP HANA, tout est fait en mémoire à la volée, ce qui veut dire qu’on passe par des vues au sens logique base de données pour s’appuyer directement sur les données transactionnelles. Les performances laissent rêver. On peut parler d’instantanéité dans la réponse. Aujourd’hui, il y a des facteurs constatés d’accélération qui sont 10 à 100 000 fois plus rapides pour un même traitement de requête comparé à une requête traitée sur des systèmes traditionnels versus cette même requête sur SAP HANA.

GLOBALISATION ET SILMPLIFICATION. Pour Patrick Van Deven, le mot cloud est, par nature, synonyme de simplicité. Il s’agit donc de la garantir. «Nous avons annoncé la feuille de route pour de nouvelles solutions labellisées ‘simple’ comme sFinance ou sManufacturing qui reprennent bien sûr la nouvelle interface Fiori, mais apportent aussi les avantages de produits dont le code a été réécrit en diminuant drastiquement le nombre de tables dans la base de données par exemple. Dans sFinance, des milliers de tables ont été réduites à une ou deux tables aujourd’hui. D’autres solutions de ce type vont arriver dans les mois qui viennent. Ce n’est qu’un début…»

Cette simplification dans l’usage s’étend avec la HANA Cloud Platform qui se veut la réponse de SAP à Force.com, le PaaS de Salesforce.com. Cet environnement de Platform-as-a-Service va permettre aux entreprises de développer des applications au-dessus de HANA pour encore mieux coller à leurs besoins avec, en point, de mire la possibilité de rendre mobiles ces différentes applications. «Cette simplification a par ailleurs un autre but: rendre les applications SAP plus accessibles dans le cloud.»

NETWORKED ECONOMY. SAP se focalise donc sur trois axes majeurs de développement: le passage vers un modèle économique basé sur le cloud, le développement de sa base HANA auprès de ses clients et l’émergence de business networks. Avec les acquisitions de SuccessFactors en 2011 (gestion des ressources humaines), d’Ariba en 2012 (gestion des achats) et, plus récemment, de Concur (gestion des frais de déplacement), sans oublier Fieldglass (solution de gestion des salariés) et Hybris, SAP estime avoir finalisé un vaste processus d’acquisition dont la finalité est d’offrir aux entreprises un réseau virtuel de partenaires et la maîtrise des processus métiers clés.

«Très clairement, nous nous engageons dans la ‘networked economy’. Nous sommes capables de répondre aux besoins de transformation et d’urbanisation des systèmes d’information de nos clients, afin de capitaliser sur le meilleur des segments dans la relation client, dans le procurement, dans la gestion des forces vives, dans le domaine des ressources humaines… On a très souvent associé SAP avec l’offre ERP; aujourd’hui, nous abordons des sujets périphériques industriels et économiques autour de la transformation digitale des entreprises. Si le phénomène touche toutes les entreprises, les PME sont sans doute les premières concernées -via le cloud, elles peuvent accéder aux mêmes ressources. Et quand on sait que le marché des PME représente 77% des clients SAP en Belgique et au Luxembourg…»

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SAP s'impose dans le cloud... sans rien imposer
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