L’exil plutôt que perdre des clients ! Cinq hébergeurs de données informatiques français –IDS, Ikoula, Gandi, Lomaco et OVH– estiment que le projet de loi sur le Renseignement les poussera à l’exil pour ne pas perdre leurs clients.

Et de manifester, ensemble, contre «la captation en temps réel des données de connexion et leur analyse par les services de renseignement au moyen de boîtes noires aux contours flous», que prévoit le Gouvernement français.

Le projet consiste à imposer aux hébergeurs français d’accepter une captation en temps réel des données de connexion et la mise en place de «boîtes noires» dans leurs infrastructures. Bref, de donner aux services de renseignement français un accès et une visibilité sur toutes les données transitant sur les réseaux.

Les cinq hébergeurs invoquent le fait que les entreprises et les particuliers choisissent un hébergeur sur des critères de confiance et de transparence, qu’il ne sera plus possible de respecter car seuls les services de l’État auront, directement ou indirectement, le contrôle et la connaissance de ces données. L’algorithme placé à l’intérieur serait validé, souvent a posteriori, par une commission, composée de juristes et de parlementaires (députés et sénateurs) et d’un expert technique…

Pour les réfractaires, «obliger la mise en place de boîtes noires et permettre la captation de données directement sur le réseau des opérateurs français est la porte ouverte à un risque de nombreuses dérives, qui feraient entrer la France dans une surveillance de masse telle que nous ne l’avons jamais connue.»

«Boîtes noires»

A lire la lettre ouverte des cinq hébergeurs, l’efficacité de ce dispositif de «boîtes noires» semble plus que douteuse car il concerne moins de 5 000 personnes en France. Une organisation terroriste bien structurée saura échapper à ces mesures. Un «loup solitaire» sera noyé dans la masse des informations colossales et donc difficilement détectable. Quand bien même, les moyens techniques et financiers des services français ne sont de toute façon pas proportionnés pour traiter la masse totale des données qu’il va résulter de cette «pêche au chalut», car c’est de harpons dont ils ont besoin.

Et de poursuivre: «Le renseignement français, puisque c’est de cela qu’il s’agit, est l’un des meilleurs au monde puisqu’il se base sur le savoir-faire humain. En effet, nous ne sommes pas les États-Unis, nous n’avons pas de NSA, dont les activités de surveillance opaques ont poussé nombre d’entreprises et de particuliers du monde entier à devenir clients de la France : une démocratie plus transparente et respectueuse des droits de ses citoyens.»

Gandi et OVH, bien connus des Belges

De plus, les hébergeurs français n’hébergent pas que des clients français : ils accueillent des clients étrangers qui viennent se faire héberger en France -les services de Gandi et OVH sont bien connus des Belges ! En tout 30 à 40 % du chiffre d’affaire des hébergeurs est réalisé via l’international.

«Ces clients viennent parce qu’il n’y a pas de Patriot Act en France, que la protection des données des entreprises et des personnes est considérée comme importante. Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses ‘boîtes noires’, il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur. Pour nous le résultat est sans appel : nous devrons déménager nos infrastructures, nos investissements et nos salariés là où nos clients voudront travailler avec nous !»

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OVH et Gandi menacent de quitter la France !
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Cinq hébergeurs de données informatiques français -IDS, Ikoula, Gandi, Lomaco et OVH- estiment que le projet de loi sur le Renseignement les poussera à l'exil pour ne pas perdre leurs clients.
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