Pour Vertiv, l’essor du Edge computing aura pour conséquence de faire sortir les compétences réseaux de l’ombre. Une forme de retour aux sources, en somme.

«Après des années de concentration sur les couches applicatives, on regarde à nouveau les infrastructures. De plus en plus, les compétences réseaux trouvent un nouveau souffle. Objectif : répondre aux enjeux de l’IoT et de l’Edge computing», estime Séverine Hanauer, Directrice des Ventes Data Center & Telecom et Directrice Consulting & Solutions, Vertiv.

Aux prémices de l’IT, et jusqu’il y a peu, chaque entreprise développait sa propre infrastructure, souvent en local. Outre des investissements lourds, cette méthode imposait également des compétences internes importantes : administrateurs réseaux, administrateurs systèmes, développeurs, service exploitation, etc.

Avec le développement d’Internet et des modes ASP et SaaS), les infrastructures ont été centralisées. On a privilégié la valeur ajoutée. Concrètement, les directions IT ont misé sur le développement d’applications -métiers notamment.

Mais avec la croissance rapide de l’IoT et des besoins en Edge computing, la situation pourrait à nouveau changer. Une certaine décentralisation de l’IT est à nouveau observée. «Ceci ne remet aucunement en cause les principes du cloud computing, les 2 approches étant parfaitement complémentaires, précise Séverine Hanauer. Ce nouveau paradigme a toutefois des conséquences inattendues sur les compétences recherchées sur le marché.»

Edge computing : vers une multiplication des sites informatiques

Qu’il s’agisse du traitement de volumes importants de données, leur transfert dans le cloud via les réseaux trop complexe (ou trop cher), la sensibilité à la latence humaine (applications à usage humain),  la latence machine-to-machine, ou bien encore la criticité (applications de santé, véhicule autonome…), les cas d’usages de l’Edge se multiplient et s’accélèrent.

Séverine Hanauer : “A n’en pas douter, le trafic de données devrait poursuivre son inexorable croissance dans les prochaines années…”

Et Séverine Hanauer de noter : «Selon le rapport DataCenter 2025 de Vertiv, publié pour la première fois en 2014 et mis à jour en 2019, plus de 70 % des entreprises interrogées prévoient une augmentation du nombre de leurs sites informatiques. Et 53 % anticipent au moins un doublement de ce nombre, pouvant même aller jusqu’à un décuplement.»

Avec l’Edge computing, le renouveau de l’administration réseau

Sur le papier, cette croissance exponentielle du nombre de sites peut se réaliser aisément, notamment grâce aux datacenters modulaires préfabriqués. Il n’en reste pas moins que leur exploitation va nécessiter la mise à disposition d’un certain nombre de compétences. Car au-delà de l’exploitation des systèmes, dont la majeure partie se réalisera à distance, des interventions sur sites seront nécessaires tout au long de la durée de vie de ces «mini-datacenters».

«Cette tendance renforcera les compétences réseaux, assure Séverine Hanauer. Car qui dit multiplication des sites informatiques dit aussi connectivité de ces derniers et de tous les objets connectés. A n’en pas douter, le trafic de données devrait poursuivre son inexorable croissance dans les prochaines années. Trafic qui n’est pas près de ralentir avec, en complément, le prochain déploiement des réseaux 5G, eux-mêmes construits sur une infrastructure réseaux filaires.»

Or, si elles ont toujours existé, ces compétences réseaux ont depuis longtemps vécu dans l’ombre des formations réservées aux couches hautes du système d’information, en l’occurrence le développement applicatif. D’autant plus qu’avec la centralisation des systèmes d’information dans des data centers de grande envergure, les postes liés à la gestion des réseaux se sont, un temps, énormément concentrés.

«Aujourd’hui, conclut Séverine Hanauer, les acteurs du secteur du data center se félicitent, pour beaucoup, de leur choix de carrière : 70 % d’entre eux, selon le rapport DataCenter 2025 de Vertiv, pensent toujours travailler dans ce secteur. Et pour ne pas risquer la pénurie dans les prochaines années, écoles comme entreprises doivent mettre au point très vite la meilleure stratégie pour attirer les talents réseaux de demain…»