La fracture numérique n’est pas près d’être comblée

par | Oct 8, 2018 | Business, Data Intelligence | 0 commentaires

La fracture numérique, encore et toujours. Les petits entrepreneurs ressentent la menace, mais sans savoir que faire…

Oui au numérique, mais comment s’y prendre ? Une étude indépendante, réalisée par Profacts à la demande de FCR Media, s’est penchée sur la confiance des petits entrepreneurs (employant maximum 10 salariés) dans notre pays. Conclusion : si les principales menaces pour leur activité sont la pression fiscale et les charges administratives, ils craignent tout autant la fracture numérique.

Quelques 900 répondants ont participé à l’enquête. Les principales menaces évoquées par les petits entrepreneurs (employant maximum 10 salariés) sont la pression fiscale (59,8 %) et les charges administratives (49,8 %). Les changements qui s’opèrent (sur le marché) provoquent également beaucoup de stress pour pas moins d’un répondant sur trois. «Ces entrepreneurs redoutent, à juste titre, l’influence des attentes changeantes des consommateurs, de la concurrence sur Internet et de la concurrence des multinationales sur la fidélité des clients», explique Birgit Peeters, directrice générale de FCR Media.

Le piège de la fracture numérique

Bien que ces changements soient souvent liés directement à la numérisation croissante, le passage au numérique ne figure bizarrement pas en tête des priorités des petits entrepreneurs. Ceux-ci s’attribuent une note qui va de moyenne à faible en matière de connaissances numériques. «Bon nombre de petits entrepreneurs estiment que cela ne les concerne pas, souligne Birgit Peeters. Ils ressentent certes la menace, mais ne savent pas vraiment quoi faire -comme si la numérisation ne touchait que les grands sites de commerce en ligne

Les chiffres révèlent également une compréhension bien trop limitée du marketing numérique. Les entrepreneurs adeptes du marketing en ligne s’y intéressent principalement parce que cela leur apporte de nouveaux clients (66%) et non pour pouvoir proposer un meilleur service à leurs clients existants. «Cela démontre une méconnaissance inquiétante des opportunités que la numérisation pourrait leur apporter, poursuit Birgit Peeters. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement, dont le ministre De Croo, et d’autres instances telles que l’Union wallonne des entreprises avec Olivier de Wasseige, appellent les PME à opérer la transformation numérique.»

Manque de soutien

À qui les petits entrepreneurs peuvent-ils dès lors s’adresser pour renforcer leur position ? Pas aux pouvoirs publics en tout cas. Les pouvoirs publics ont beau appeler à acheter local, 1 entrepreneur sur 3 estime que les initiatives visant à soutenir réellement le commerce local sont insuffisantes. De manière générale, les petits entrepreneurs octroient la note très insuffisante de 4 sur 10 aux politiques locales.

Le déclic dont les petits entrepreneurs ont besoin pour combler leur retard numérique n‘est donc pas pour tout de suite. L’enquête révèle ainsi que les jeunes (de moins de 34 ans) comme les plus âgés ont du mal avec la numérisation. Plus de 50% des jeunes s’octroient ainsi une note de 6 sur 10, voire moins. Certains outils existants, comme le portefeuille PME créé pour aider les petits entrepreneurs, n’atteignent en outre pas leurs objectifs. Près de la moitié des personnes interrogées déclarent ainsi ne pas connaître suffisamment le système. Et sur les 52% qui le connaissent un peu mieux, quelques 40% estiment que l’offre du portefeuille PME n’est pas adaptée aux besoins des petites entreprises. Près de 30% d’entre eux déclarent également «ne pas avoir besoin de formation ou de conseils supplémentaires, mais bien d’une aide pratique et concrète».

Aide pratique

«C’est là, en effe, que le bât blesse, signale Birgit Peeters. On ne peut tout simplement pas attendre d’un petit entrepreneur qu’il excelle dans tous les domaines. L’idée de former les petits entrepreneurs est belle, mais elle apparaît aussi inutile dans de nombreux cas. Même lorsqu’un petit entrepreneur parvient à trouver le temps de suivre une formation, les chiffres indiquent qu’il manque de temps et de moyens pour appliquer immédiatement les connaissances ainsi acquises.» Les petits entrepreneurs se sentent totalement absorbés par la gestion quotidienne de leur activité et les nombreuses démarches administratives qui en découlent. Quelques 40% des répondants disent consacrer plus de 5 heures par semaine aux tâches administratives. Et les entreprises qui emploient plusieurs travailleurs éprouvent aussi bien des difficultés pour trouver le personnel adéquat.

«Difficile dans ces conditions de trouver encore du temps pour se former aux compétences numériques. Pour réellement aider nos petites entreprises à combler la fracture numérique, les pouvoirs publics doivent donc investir de toute urgence dans des mesures d’aides pratiques et pas seulement dans les formations», conclut Birgit Peeters.