Le marché des multifonctions d’impression partagés en entreprise est au cœur d’une révolution technologique tout aussi profonde que celle qui a eu lieu dans les années 90 avec la transition de l’analogique vers le digital, ou bien de celle qui s’est déroulée dans les années 2000 avec la migration du noir et blanc vers la couleur. Cependant, la révolution qui nous occupe actuellement fait assez peu de bruit auprès du grand public : il s’agit de la valeur logicielle qui supplante celle du matériel, estime Benjamin Duthu, Office Product Manager Xerox France.

«Que l’on s’entende bien : un périphérique d’impression reste un gros cube physique, un produit industriel qui prend de la place et fait du bruit dans votre ‘open space‘. Mais ce dont je veux parler ici, c’est de ce qui fait la valeur réelle d’un périphérique pour l’utilisateur, pour l’entreprise et, par conséquent, pour le constructeur.

«Peut-on, par exemple, réellement dire que l’Apple Watch est une montre ? Vous la portez au poignet et elle vous donne l’heure mais sa valeur est ailleurs : dans la qualité du développement logiciel qui a été pensé pour multiplier ses usages et vous donner accès à des fonctionnalités auxquelles vous n’auriez même pas songé auparavant ! Sa valeur est dans la capacité d’Apple à mettre à jour régulièrement une plateforme logicielle pensée pour que vous y trouviez votre intérêt.

«Même si les constructeurs de multifonctions d’entreprise n’évoluent pas exactement dans le même univers qu’Apple, ils sont impactés par cette même révolution technologique qui fait de la maitrise du logiciel le nerf de la guerre sur un marché annoncé globalement ni en croissance, ni en décroissance au cours des prochaines années par les analystes. A quelques exceptions près, l’objet physique que représente un multifonction n’est plus la principale source d’innovation et de différentiation de la part des constructeurs. C’est la qualité du codage informatique qui prime car elle permet au final de manipuler des documents en toute sécurité, tout en restant mobile et ainsi garantir une productivité élevée.

«Les lois de Moore (selon lesquelles le nombre de microprocesseurs sur une puce en silicium double tous les deux ans, ce qui rend les machines électroniques de moins en moins coûteuses et de plus en plus puissantes) sont bien connues et nous en voyons les effets spectaculaires sur nos smartphones, nos tablettes, nos bracelets-trackers d’activité, les services basés sur le cloud comme Facebook et Uber, etc. Cependant, dans le monde de l’entreprise, on ne parle pas assez de la façon dont la révolution logicielle a transformé le rôle et l’usage des multifonctions à l’heure où le volume de données explose et où la manipulation de documents (physiques ou dématérialisés) n’a jamais été aussi critique pour l’excellence opérationnelle d’une entreprise.

«Qu’est-ce qu’un smartphone sans applications installées sur l’écran ? La question est tout aussi valable pour un multifonction. Les développements logiciels ont progressivement intégré la tâche d’imprimer ou celle de numériser au cœur du processus de transformation numérique des entreprises. Si j’imprime, c’est que j’en ai besoin et que le support papier va générer de la valeur pour moi, mon équipe, mon client ou mon organisation. Si je numérise, c’est que je peux partager intelligemment de l’information vers des référentiels cloud ou un serveur et gagner en efficacité. Toute autre réponse signifie que la politique d’impression a été mal pensée par l’entreprise qui considère encore le multifonction comme un centre de coût qui grève son bilan comptable.

«A l’inverse, les entreprises les plus avancées sur le chemin de la transformation numérique ont souvent perçu le multifonction comme un chainon puissant. Par exemple, en faisant le lien entre les fonctionnalités de scan et l’intelligence contenue dans un smartphone. Concrètement, le salarié utilise une application installée sur son smartphone qui pilote en wifi un multifonction et permet d’envoyer en une seule touche un document numérisé vers plusieurs destinations qui lui sont propres et récurrentes (par exemple son compte Office365, un compte Dropbox et sa boîte email).

«La révolution logicielle qui secoue, entre autres, le marché des périphériques d’impression offre une autre perspective. Aujourd’hui, tout le monde peut programmer : les compétences se sont démocratisées et les exemples de l’Apple Store ou du Google Play Store sont plutôt éloquents. C’est une formidable opportunité pour les constructeurs traditionnels qui peuvent désormais – en encadrant les choses dans un processus d’accréditation et de partenariat technologique – exploiter la puissance créatrice de sociétés expertes en programmation et développement logiciel.
«Je lisais récemment que le Boston Consulting Group estimait le coût des pièces électroniques à 40 % de la valeur moyenne d’une voiture en 2015 contre seulement 20 % en 2004. Cela signifie un changement majeur dans le réseau de fournisseurs, avec des conséquences que beaucoup ne sont pas prêts à assumer.

«Dans le domaine de l’industrie bureautique, cette situation est très saine car elle pousse les constructeurs à rester en permanence sur le qui-vive, à l’écoute des clients pour comprendre l’évolution rapide de leurs attentes mais aussi à l’écoute de ce qui se fait sur le marché. Les constructeurs de multifonctions ne doivent plus être considérés comme des fournisseurs de matériels mais comme des partenaires crédibles pour gagner en efficacité opérationnelle – et non pas seulement impri

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Benjamin Duthu - MFP : peut-on encore parler de matériel d’impression ?
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Benjamin Duthu - MFP : peut-on encore parler de matériel d’impression ?
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Sur un multifonction, aujourd'hui, la valeur logicielle supplante celle du matériel, estime Benjamin Duthu, Office Product Manager Xerox France
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